Madoff, l'insondable escroc

Bernard Madoff restera dans les annales financières comme l'auteur de la plus grande escroquerie de tous les temps. En quelques jours, 50 milliards de dollars, peut-être davantage, sont partis en fumée. Depuis les années 1990, une société d'investissement qui avait pignon sur rue (Wall Street), la Bernard L. Madoff Investment Securities, recelait une chaîne de Ponzzi ? attirant des investisseurs par la promesse de rendements importants financés par l'afflux de nouveaux capitaux ?, dont la bulle a explosé en raison de la crise financière. Les faits sont connus. En revanche, l'intérêt des articles publiés sur l'affaire par le journaliste Mark Seal dans le magazine américain « Vanity Fair », et traduits aujourd'hui en français, réside dans la psychologie de Madoff. En effet, comment une telle escroquerie n'a pas été percée à jour plus tôt ? Les articles de Seal se focalisent sur trois « angles ». Le premier s'intéresse aux investisseurs qui ont été roulés dans la farine, notamment ceux, riches mais à la réputation irréprochable, qui ont servi de « caution » à Madoff tel Carl J. Shapiro qui le considérait comme un fils. Le deuxième nous permet de connaître la vie quotidienne dans les bureaux de la société financière, par le biais du récit de son assistante Eleanor Squillari. Le troisième s'intéresse à la personnalité de Ruth Madoff, l'épouse de « Bernie », rencontrée au lycée lorsqu'elle avait 14 ans. Dans le plus pur style du journalisme d'enquête à l'américaine, le livre recèle un luxe de détails sur la vie de Madoff. Il s'agit en effet pour Seal d'essayer de comprendre la personnalité de Madoff, cette incroyable maîtrise permanente de lui-même qui lui a permis de séduire tous ces investisseurs, dont une large part dans la communauté juive, en particulier les oeuvres de bienfaisance, qui lui ont fait une confiance aveugle.Sur ce point, si on arrive à approcher le caractère du personnage ? pas un génie, mais un séducteur intelligent ?, ce qui se dérobe sans cesse est le ressort de sa motivation : l'argent certes, mais autre chose qui explique probablement l'absence totale de scrupules du personnage. Aucun regret, et de nombreuses zones d'ombre, qui restent encore à éclaircir. Madoff purge aujourd'hui une peine de 150 ans dans un pénitencier. Robert Jules « Madoff, l'homme qui valait cinquante milliards », de Mark Seal. éditions Allia (173 pages, 3 euros).
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