L'économie tricolore souffre de la morosité européenne

L'Insee a annoncé jeudi soir une révision à la baisse de ses prévisions de croissance pour le premier semestre. Certes, cette correction est minime et ne porte que sur le PIB du premier trimestre (+ 0,2 % contre une estimation initiale de + 0,4 % en décembre). Toutefois, elle témoigne de l'absence de reprise franche de l'économie tricolore. Si le PIB devait augmenter de 0,3 % entre avril et juin, comme le prévoit l'Insee, l'acquis de croissance, correspondant à la croissance annuelle de l'activité en 2010 si la croissance était nulle au second semestre, s'élèverait à + 1 % fin juin.Selon Sandrine Duchêne, chef du département de la conjoncture à l'Insee, ce refroidissement s'explique en grande partie par le manque de vitalité de la zone euro. A l'exception de l'Allemagne, dont le modèle de croissance bâti sur l'export a déjà profité de la reprise du commerce international, les voisins de la France pansent encore leurs plaies. Résultat, la demande de la zone euro adressée à la France cède du terrain. Alors qu'elle progressait de 2,2 % au dernier trimestre 2009, elle n'augmenterait plus que de 1,9 % et de 1,4 % aux premier et deuxième trimestres. Dans ce contexte, tous les moteurs potentiels de la croissance tournent au ralenti, confirmant les résultats des enquêtes de conjoncture. Solide pendant la période 2002-2007, au cours de laquelle elle a progressé en moyenne de 2,2 % environ, la consommation des ménages est quasi atone, marquée par la fin progressive de la prime à la casse. Le repli de 1,2 % des dépenses des ménages en produits manufacturés en février, en témoigne. Légère hausse des exportationsAu regard de la faiblesse de la demande intérieure et étrangère, qui se traduit mécaniquement par une sous-utilisation des capacités de production (73 %), l'investissement des entreprises ne prendra pas le relais. Toutefois, heureuse surprise, il afficherait une petite progression de 0,4 % au deuxième trimestre, stimulé par des conditions de financement toujours attractives et par une augmentation de la rentabilité. Une augmentation due en partie à une diminution de la pression fiscale, grâce à la réforme de la taxe professionnelle. Enfin, les exportations accélèreront légèrement, mais pas assez pour permettre au commerce extérieur de contribuer positivement à la croissance. Son impact sur celle-ci sera en effet nul au premier semestre. « On peut néanmoins s'attendre à ce que la récente dépréciation de l'euro face au dollar produise ses effets. Selon l'estimation du programme de stabilité, une baisse de 10 % du taux de change euro-dollar se traduirait par un gain de croissance de 0,7 point de PIB. Or, entre décembre et février, le cours de l'euro face au dollar a cédé 6 %, ce qui pourrait doper le PIB de 0,4 point environ », estime-t-on dans l'entourage de Christine Lagarde.Reste que, dans cette grisaille conjoncturelle, les prévisions de l'Insee en matière d'emploi restent très pessimistes. Après avoir détruit 357.600 postes dans le secteur marchand en 2009, dont 173.000 dans l'industrie, l'économie n'en supprimerait « que » 80.500 au premier semestre. Une maigre consolation, qui n'empêchera pas la progression du taux de chômage. Il touchait 9,6 % de la population active fin 2009. Il en frappera 9,8 % d'ici la fin juin. n
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