« Hier matin, une idée a fait irruption dans mon esprit, si forte, si séduisante, si péremptoire, qu'en quarante-huit heures, sans gêne, elle s'est installée chez moi, a changé mes plans, mes dispositions, mes interrogations et s'est emparée de mon avenir. [...] Alors je me suis contenté d'ouvrir la porte, me voici condamné, je n'ai plus le choix, je dois écrire. » Pendant toute la durée de la rédaction de « Concerto à la mémoire d'un ange », son dernier livre, Schmitt a tenu un journal d'écriture, dont quelques extraits clôturent l'ouvrage. De quoi nous ouvrir les portes de son esprit débordant, mais aussi des émotions l'ayant conduit à écrire ce recueil de nouvelles, un genre qu'il défend ardemment. « La nouvelle est une épure de roman, un roman réduit à l'essentiel, écrit-il. La brièveté rend la lecture captive. »Souvent décrié en France, pour cause de production prolifique « trop facile » et « légère » aux yeux de certains, l'écrivain franco-belge signe en réalité ici quatre contes modernes, dont les personnages répondent aux archétypes du genre. Il y a la méchante sorcière de « l'Empoisonneuse », le père de famille et ses quatre filles du « Retour », les frères ennemis du « Concerto à la mémoire d'un ange » et enfin le prince et la princesse d'« Un amour à l'Élysée ».Mais quel rapport peut-il y avoir entre une première dame de France, un marin un peu rude, un artiste en devenir ou une vieille bigote meurtrière ? Une interrogation majeure sur notre capacité à changer. Sauf qu'aucune de ces histoires ne répond à la question, ce qui nous pousse à nous interroger plus encore. D'autant que le changement offert aux différents protagonistes comme une seconde chance n'opère pas forcément et ne permet pas toujours de réparer les dégâts. « La rédemption que permet la prise de conscience vient souvent trop tard », explique l'auteur.Narrateur omniscient, Dieu à la fois tout puissant et passif, Schmitt nous plonge avec fluidité dans les tourmentes de ses personnages. Finalement, ses livres sont faciles à lire, mais pas si léger que ça. Marine Cluet

latribune.fr

25 Mars 2010, 23:21

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