portrait

Foire du livre de Francfort, au milieu des années 1980. Ici se scellent les plus grands contrats du monde de l'édition. Alors que les allées grouillent de monde, Liana Levi, jeune éditrice d'origine italienne installée à Paris, est abordée par l'agent de Primo Levi. Qui lui propose de publier en français « Lilith », son recueil de nouvelles. La jeune femme saute sur l'occasion. Mais plus qu'un contrat, elle signe une véritable profession de foi. Car Liana Levi n'a, depuis, cessé de publier des voix fortes, universelles, ouvertes sur le monde, portées par une écriture ayant sa propre musique. « Je crois à un certain humanisme, avoue-t-elle. Et je ne peux pas me départir de cela. »Cet humanisme, c'est probablement au sein de sa famille qu'elle l'a puisé. Son goût des livres, peut-être dans « l'Odyssée d'Ulysse ». « Bien que les ados détestent souvent les textes imposés par l'école, j'ai été totalement prise par le côté aventureux, épique, de ce parcours méditerranéen qui évoquait celui de ma famille. Les miens venaient d'Espagne et d'Istanbul, se sont ensuite installés en Égypte où je suis née, avant que nous partions pour Milan. » De cette adolescence italienne, il reste notamment une passion pour la littérature française classique emmenée par Balzac et Flaubert. Et le souvenir de cet atelier monté avec d'autres lycéens pour fabriquer des livres.Mais c'est à la trentaine que l'envie de vivre avec la littérature s'est faite plus pressante. Liana Levi exerçait alors à Paris comme journaliste. « Quand j'ai compris que je n'avais pas fait ce dont j'avais toujours rêvé, je me suis lancée. » Les débuts, en 1982, sont difficiles. Mais au fil des ans, plus de 300 titres sont venus s'ajouter au catalogue. De belles histoires aussi dans lesquelles d'autres passionnés de littérature ont joué le rôle de la bonne fée.Il y a eu par exemple ce professeur de littérature américaine venu lui proposer d'éditer les livres d'Ernest J. Gaines que beaucoup tiennent pour le « Faulkner noir ». Cet éditeur italien aussi, salarié par une maison espagnole, qui lui a transmis « les Enfants de Vienne », l'ouvrage exceptionnel de Robert Neumann, auteur américain d'origine autrichienne. Et puis, bien sûr, la découverte du « Mal de pierre » de Milena Agus, le plus grand best-seller de la maison avec 300.000 exemplaires vendus à ce jour.Aujourd'hui, Liana Levi regarde du côté de l'Argentine. « Il s'y passe quelque chose de très intéressant, comme souvent après une période de dictature. En un an, nous avons publié trois livres venus de là-bas. » Avec un souci constant d'aider chaque ouvrage à trouver ses lecteurs potentiels. « Qu'ils soient 1.500 ou 200.000, le tout c'est de les rassembler », confie l'éditrice.Yasmine Youssi
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