La BCE envisage de baisser les taux, Angela Merkel préfèrerait qu'elle les remonte

A peine semblait-elle entendue que la baisse des taux de la BCE est déjà remise en cause. Et sans surprise, cette remise en cause vient d\'Allemagne. Ce jeudi matin, la chancelière Angela Merkel a en effet affirmé qu\'une « hausse des taux serait meilleure pour l\'Allemagne. » Des propos qui ont surpris la plupart des observateurs de la BCE pour qui la baisse des taux avait été décidée après le feu vert implicite de la Bundesbank la semaine dernière.La BCE refroidit les attentesCette déclaration intervient alors même qu\'un membre du directoire de la BCE a tenté de calmer les attentes d\'une baisse des taux dès jeudi prochain, lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs à Bratislava. Jörg Asmussen, Allemand et nommé par Angela Merkel, a ainsi, mercredi soir à Londres, a clairement rappelé ce que tous les économistes savent : une baisse des taux ne réglerait pas le problème essentiel des économies périphériques : l\'accès au crédit des PME. Si, dans ces pays, les banques ne prêtent pas, c\'est en raison du risque et de leur bilan, pas de leur coût de refinancement auprès de la BCE. Mais surtout, Jörg Asmussen a insisté sur le fait que « une baisse des taux assouplirait d\'une façon inédite les conditions de financement dans les économies centrales de la zone euro ». « Ce n\'est pas en soi un problème, mais des taux trop faibles trop longtemps peuvent finalement conduire à des déséquilibres. » Le membre allemand du directoire de la BCE rappelle donc combien il peut être dangereux pour l\'économie allemande de baisser trop les taux.Crainte d\'une bulle immobilière en AllemagneLa crainte principale des Allemands est celle d\'une bulle immobilière. Les prix de l\'immobilier et les loyers ont commencé depuis quelques mois à grimper de façon vertigineuse dans les grandes métropoles allemandes. La faiblesse des taux en période de croissance relative et la recherche de la sécurité dans le contexte de la crise européenne alimentent cette hausse. Evidemment, une nouvelle baisse des taux donnerait encore un nouvel élan à ce marché qui risque de déboucher sur une bulle. C\'est en tout cas la crainte des Allemands. Cette crainte est-elle justifiée ? Rien n\'est moins sûr. Les dernières enquêtes sur le climat des affaires outre-Rhin se dégradent. Selon les économistes de Natixis, il y a désormais un « vrai risque négatif sur la croissance allemande. » Bref, une baisse des taux pourrait servir à la première économie européenne. Mais, en pleine campagne électorale, la chancelière entend se présenter comme la garante de la politique de « stabilité » en Europe en insistant sur les risques inflationnistes actuellement insignifiants.La décision de la BCE décidera de son indépendance. Il sera donc hautement intéressant d\'observer si les déclarations de Jörg Asmussen signifient que la BCE a reçu et entendu un message en provenance de Berlin. Et dans ce cas, il faudra bien en tirer les conclusions sur l\'indépendance perdue de l\'institution de Francfort. Il serait alors piquant de remarquer que la « politisation » de la BCE intervient sur l\'insistance de l\'Allemagne, pays qui a toujours prétendu être le garant de l\'indépendance des banques centrales. La décision du 2 mai sur les taux devra donc d\'abord être observée de ce point de vue. 
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