La grippe A, loin du coeur, près du portefeuille

Souvenez-vous, c'était il y a un an : les masques, les consignes de lavage de mains, les centres de vaccination et les mots « grippe A » et « H1N1 » en boucle à la télé et dans les journaux... Douze mois plus tard, que reste-t-il de la « pandémie » ? Des chiffres d'abord, dévoilés cette semaine par les parlementaires et sénateurs français au terme de plusieurs semaines d'auditions des différentes parties prenantes. Un coût de 500 millionsRésultat : entre 5 et 6 millions de vaccinés (moins de 10 % de la population hexagonale), loin des quelque 80 % de Français que la ministre de la Santé avait initialement l'intention d'immuniser contre le virus. En revanche, un coût total de 500 millions d'euros, sensiblement inférieur au milliard et demi un temps évoqué et même au dernier montant de 670 millions donné en mars par le gouvernement. Et un bilan : 312 morts en France, selon l'Institut de veille sanitaire, contre... 4.000 à 6.000 pour une épidémie de grippe saisonnière « classique ».DoutesDu côté des industriels en revanche, les allusions à la grippe se font rares depuis plusieurs mois déjà. En février, Chris Viehbacher, le patron de Sanofi-Aventis, expliquait à « La Tribune » à propos des polémiques en cours : « Ce débat n'est pas bon : il fait naître des doutes chez les Français, et je crains que nous soyons mal préparés lors de la prochaine pandémie. » S'il y en a qui ne courent pas le risque d'une impréparation, ce sont bien les industriels. Les chercheurs de Sanofi élaborent déjà les prochains vaccins antigrippe, aussi bien saisonniers que pandémiques (H5N1, H1N1), rivalisant d'imagination pour toucher de nouvelles populations : vaccins intradermiques, réservés aux plus de 65 ans...Manne pour les labosEt dans les comptes des labos, la grippe est toujours bel et bien là. Au premier trimestre 2010, elle a encore rapporté 413 millions d'euros à Sanofi, soit plus de 40 % des revenus de sa filiale dédiée, Sanofi-Pasteur. Même constat chez GSK : le britannique en a tiré 698 millions de livres (846 millions d'euros) sur la période, la moitié de ses ventes de vaccins. Quant au suisse Roche, l'antiviral Tamiflu lui a rapporté 517 millions de francs suisses (380 millions d'euros), en hausse de 32 % sur les trois premiers mois de l'année. 10 millions de doses inutiliséesL'origine de ces recettes ? L'Amérique du Sud notamment (Brésil, Mexique) où, la grippe ayant frappé plus tôt et plus fort, les gouvernements ont continué à acheter des doses de vaccins pandémiques « au cas où » en ce début d'année. Une manne financière qui devrait finir par se tarir dans les comptes du deuxième trimestre, jurent les labos.Mais que les plus inquiets se rassurent : en France, il reste 10 millions de doses utilisables avant décembre 2010, a indiqué Didier Houssin, directeur général de la santé.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.