La Grèce glisse sur une pente dangereuse

Ce n'est peut-être qu'une coïncidence, mais à la veille de la présentation vendredi d'un projet important de réforme du système de retraites en Grèce, Athènes a été le théâtre d'un attentat meurtrier. Un colis piégé destiné au ministre de la Protection du citoyen, Michalis Chryssohoïdis, dont les bureaux se trouvent au septième étage d'un bâtiment qui abrite le siège de la police, a tué le responsable de la sécurité du ministre, qui en vérifiait le contenu.Spectre du terrrorismeSi l'attentat n'a pas été pour le moment revendiqué, les autorités évoquaient la mouvance de l'extrême-gauche, faisant resurgir le spectre du terrorisme en Grèce, dont le dernier avatar fut le démantèlement de l'organisation "17 novembre", responsable de l'assassinat de vingt personnes. A titre préventif, en avril, six membres présumés d'une autre organisation "Lutte révolutionnaire" avaient été arrêtés, la police retrouvant dans un de leurs locaux un arsenal. Le Premier ministre grec, Georges Papandreou, a qualifié l'acte de "terroriste" devant le parlement. Surtout, il vient alourdir dramatiquement une ambiance déjà plombée par une grave crise économique sans précédent, et des mesures d'austérité inédites pour réduire le déficit public de 4% du PIB dès cette année. Risque croissant de défautLes analystes s'attendent désormais à ce qu'Athènes annonce une restructuration de sa dette souveraine, dont le poids est devenue insupportable malgré le plan d'aide d'un montant de 110 milliards d'euros sur trois ans apporté par la zone euro en coopération avec le Fonds monétaire international (FMI). Indice de cette nervosité, les CDS (credit-default swaps), un produit d'assurance contre le risque d'un défaut, sur une part de 10 millions d'euros de la dette grecque ont grimpé vendredi de 13 points de base, à un niveau record de 1,14 % (autrement dit il en coûte 114.000 euros d'assurance). Un tel niveau indique surtout que la chance d'un défaut sur cette dette dans les cinq prochaines années s'élève désormais à 68,5%.Réforme des retraites Cette nouvelle dégradation sur le front financier conjuguée avec l'impact des décisions déjà prises par le gouvernement - réductions des montants des salaires et des pensions dans la fonction publique, d'augmentation de taxes et d'un renforcement de la lutte contre la fraude fiscale -, soulève les réticences quant aux réformes discutées par le parlement.Ainsi, selon les récents sondages, l'opinion publique s'oppose majoritairement à une réforme des retraites qui prévoit d'augmenter le montant et la durée des cotisations, de réduire le montant des retraites et de reporter l'âge de départ, notamment pour les femmes, qui devrait passer de 60 ans à 65 ans.Avec l'attentat manqué contre un ministre, et une opinion de plus en plus hostile à sa politique, le Premier ministre Georges Papandreou voit sa marge de manoeuvre se réduire rapidement pour poursuivre son programme d'assainissement des finances publiques grecques.
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