« Je suis le rédacteur en chef ? du plus beau magazine du monde »

Il n'a jamais abdiqué. Voilà maintenant plus de vingt ans que Jean-François Leroy se bat pour montrer la vitalité du photojournalisme et rappeler sa nécessité, à travers « Visa pour l'image », le festival qu'il a créé à Perpignan. Cette année, près de trente expositions, des tables rondes, des débats, des projections. Rencontre.Qu'est-ce qui vous a marqué dans la production photo de l'année ?Haïti. Beaucoup de photographes ont couvert l'événement. Mais peu ont vu leurs travaux publiés. Outre l'Irak et l'Afghanistan, j'ai également découvert de nombreux sujets sur la violence en Amérique latine et centrale. L'assassinat de Christian Poveda a frappé les esprits et provoqué un regain d'intérêt pour les gangs.A partir de toutes ces photos, comment avez-vous concocté votre programmation d'expositions ?Je me dis toujours que je suis le rédacteur en chef du plus beau magazine du monde. On y retrouve mes engagements, mes?adhésions, mes rejets. Cette année, j'ai été époustouflé par le?travail de Stéphanie Sinclair sur?la secte américaine de l'église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours. Il y a un mois, j'ai découvert le reportage d'Athit Perawongmetha sur les « chemises rouges » de Bangkok et je l'ai immédiatement intégré à la programmation. Bill Allard de National Geographic est un excellent coloriste, c'est l'occasion de lui consacrer une rétrospective.Qui est en crise, la presse ou le photojournalisme?La presse. Et cela a une répercussion sur le photojournalisme, car les journaux ne produisent plus de reportages. Depuis combien de temps n'avons-nous rien vu sur le Darfour ou la Tchétchénie ? Mais je ne veux pas croire que cela est inéluctable. Justement, pour Haïti, les grands journaux américains n'ont pas envoyé de photographes mais Cnn.com en a mandaté cinq...Oui, et au bout de trois jours leurs photos ont été utilisées à l'antenne. La chaîne a très bien compris que la photo figeait quelque chose alors que la même chose apparaissait de manière fugitive sur une vidéo. Beaucoup croient aussi à l'iPad...Pour la photo, c'est magnifique. Mais ce n'est pas encore ça pour la presse. Très peu utilisent ses possibilités, le son ou la vidéo. Et sincèrement, je ne pense pas que les 500.000 possesseurs vont soudainement se mettre à consommer des journaux. Photoshop a-t-il contaminé le photojournalisme ?L'esthétisme prime sur l'info. Certaines photos semblent tout droit sorties de Hollywood. Un photographe a très bien résumé les choses : l'utilisation excessive de Photoshop c'est comme le dopage, on veut toujours aller plus haut et plus vite que les autres. Après, impossible de s'arrêter. Si j'avais dû prendre pour cette 22e édition des photos non retouchées, je n'aurais pas fait la moitié de mes expositions.Quelles sont les valeurs les plus importantes à transmettre aux jeunes photojournalistes ?L'éthique et la déontologie.Du 28 août au 12 septembre. www.visapourlimage.com
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