Sécu  : banqueroute en vue

Trente milliards d'euros de déficit l'an prochain, trente de plus en 2011, autant en 2012 et encore autant en 2013. Pour ceux qui ont encore un peu de mal à apprécier les grosses sommes en euros, c'est 200 milliards de francs qu'il va manquer chaque année pour boucler le budget de la Sécurité sociale d'ici à 2013, si on ne fait rien. Or, précisément, le choix du gouvernement est de ne rien faire si l'on excepte, à la marge, des mesures comme le déremboursement de quelques médicaments ou l'augmentation du forfait hospitalier. Juste de quoi faire bougonner le bon peuple qui s'estime toujours volé, mais rien de substantiel. Laisser filer le déficit en 2010 peut s'expliquer par la situation économique de la France. La récession est encore là, elle creuse automatiquement les dépenses, notamment du fait de l'augmentation du chômage, et lamine les recettes. La protection sociale représente environ le tiers du PIB, et les préceptes keynésiens appliqués à la lettre par le duo Sarkozy-Fillon dans leur gestion de la crise invitent à soutenir la demande sans barguigner. La Sécu aura d'ailleurs bien contribué au maintien de la consommation des ménages, qui permet à la France de plonger moins bas que ses voisins en termes d'activité. Va pour 2010. Mais les années suivantes ? Est-ce encore pour ne pas peser sur la croissance qu'on n'esquisse même pas un début de solution ? Il y a quelque chose de pathétique à voir les élus, appelés à examiner à partir de demain le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), chercher désespérément à grappiller de l'argent en taxant tout ce qui leur vient à l'esprit. Non seulement le gouvernement n'encourage pas leurs initiatives, mais il les combat. Quant aux électeurs, ils restent sourds à leurs mises en garde. Nous aurions intérêt à écouter, cependant, lorsque Marie-Anne Montchamp (UMP), rapporteur du texte pour la commission des Finances, dit qu'on touche « aux limites du système », et quand Gérard Bapt (PS) affirme que « la Sécurité sociale sera en banqueroute en 2011, son financement n'étant plus assur頻. Banqueroute. Le mot est fort, volontairement. L'insouciance des Français envers leur Sécu est sidérante. Sûrs d'avoir des droits, puisqu'ils cotisent, ils s'attendent au service quatre étoiles. Sans se soucier le moins du monde de la différence croissante entre ce qu'ils payent et les prix des prestations qu'ils consomment. Alors que le « trou de la Sécu » se transformait en gouffre, aucune pédagogie sérieuse n'a été faite. Apparemment, elle n'est pas prévue au programme d'ici à 2012. n [email protected] Sophie Gherard
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