« L'observatoire des prix et des marges dans le lait est un retour au soviétisme »

STRONG>Le répit sur la hausse des prix du lait aura, semble-t-il, été de courte durée ?Effectivement, mais pour comprendre le phénomène, il faut regarder au niveau mondial. La production laitière mondiale est de 700 millions de tonnes environ, mais la plupart est consommée localement. Seuls 6 % de ce total fait l'objet d'échanges sous la forme de poudre de lait, de beurre ou de fromage et ne provient que de quelques pays, comme la Nouvelle-Zélande, l'Europe ou l'Australie. Or une très forte sécheresse en Nouvelle-Zélande a fait chuter l'offre disponible, tandis que, dans le même temps, la demande s'est envolée. La Chine est passée de 117.000 tonnes de poudre de lait importées l'an dernier à 330.000 tonnes cette année. La Russie, à cause de sa canicule estivale, a augmenté ses importations de plus de 20 %. Du coup, les prix repartent, de respectivement 28 % et 23 % pour le beurre vrac et la poudre de lait, selon les chiffres de l'Association de la transformation laitière française (Atla). C'est bon pour les industriels européens type Sodiaal qui peuvent vendre ces produits plus chers à leurs clients industriels. Plus difficile pour ceux comme Danone, qui ont du mal à passer des hausses de prix auprès des distributeurs. Nous sommes de toute façon entrés depuis 2008 dans un monde de volatilité très dommageable pour tout le monde.Il semble pourtant que les hausses de prix du lait soient bien mieux répercutées aux consommateurs que les baisses, comme le dénonçait ce mardi l'UFC-Que Choisir ?Cette étude est distrayante mais pas solide. Elle ne prend en compte que le lait de consommation alors que ce produit de base sert aussi à fabriquer du beurre, des yaourts, des fromages, etc. Elle choisit aussi de pointer du doigt Candia, alors que c'est une coopérative et qu'en l'occurrence, ce seraient donc des producteurs qui s'en mettraient plein les poches. Ce qui est exact, c'est qu'en France, le prix du lait payé aux producteurs a augmenté de 8,9 % en 2010, après une chute de 18,6 % en 2009. Mais qu'aussi le prix du lait au consommateur a baissé de 2,2 % en 2010, le fromage de 1,1 % ou l'ultra frais de 1,8 %.Le lait fait-il l'objet de spéculations comme les céréales ?Non, car il n'y a pas ou peu de marché à terme dans les produits laitiers. La volatilité est surtout due aux impacts climatiques. Comme le lait est collecté 365 jours par an, il est quasiment impossible à stocker, à l'inverse des céréales, ce qui tempère grandement la spéculation. Le problème vient surtout de ce que l'on a perdu le filet de sécurité de la politique agricole commune (PAC), ce qui rend l'Europe bien plus exposée aux aléas mondiaux.Que pensez-vous de l'observatoire des prix et des marges ?Un petit retour au soviétisme ! Admettons qu'un industriel gagne trop d'argent. Est-ce interdit d'essayer de vendre le plus cher possible ? C'est un peu le principe du marché, non ? Idem pour l'idée du coefficient multiplicateur qui reviendrait au contrôle des prix. L'État se désengage depuis des années sur les sujets agricoles, notre rôle d'interprofession est d'éviter au maximum la destruction de valeur.Que penseriez-vous de l'arrivée d'un industriel étranger à la tête de Yoplait ?Je laisse PAI et Sodiaal décider. L'important est que Yoplait continue de transformer du lait en France. Peu importe le nouveau propriétaire, il sera bien accueilli. Entremont était belge et nous ne l'avons pas maltraité. Et les Français, comme Lactalis pour Galbani ou Bel pour Leerdammer, ne se sont pas gênés pour acheter à l'étranger.
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