Total ressort les OPR de l'oubli

Cela faisait quelques temps que l'on n'avait plus vu d'opérations de ce genre. Mercredi, Total a annoncé le lancement d'une OPR (Offre Publique de Retrait) sur les titres Edf Aquitaine encore cotés sur le marché parisien. La manoeuvre qui porte sur 1,46 million d'actions, soit 0,52 % du capital non encore détenu par la major pétrolière, va passer par l'indemnisation des porteurs au prix de 305 euros par action, représentant un débours de 447 millions d'euros pour le géant pétrolier français. Une fois rachetés, ces titres pourront alors être retirés du marché, reléguant définitivement Elf Aquitaine à de l'histoire ancienne. Pourtant cela fait déjà dix ans que le mariage entre les deux groupes a été consommé. Dès lors, la question tombe comme une évidence : pourquoi avoir attendu si longtemps? Une attente récompensée"Officiellement, lorsqu'il y a des programmes d'épargne salarial ou autres, organisés sur des titres cotés, il est toujours difficile de lancer une OPR. Dans le cas d'Elf, un programme de stock-options est arrivé à échéance le 12 septembre dernier laissant enfin la voix libre au lancement d'une telle opération. Officieusement, l'ancienne direction de Total a pu estimer qu'il n'y avait pas lieu d'offrir une porte de sortie à des actionnaires minoritaires qui avaient refusé l'échange de leurs titres en titres Total" explique Nathalie Pelras, directrice de la gestion chez KBL Richelieu. Les actionnaires d'Elf ont eu la vie dure mais ont finalement bien fait d'attendre si l'on sait que, excepté sur la seconde moitié de 2007, le cours de l'action Elf n'a jamais excédé les 300 euros. L'offre de 305 euros offerte aujourd'hui par Total représente une prime de 30 % par rapport au dernier prix de l'action qui cotait mardi dernier 235 euros.D'autres opérations dans le "pipe"Si les OPR suivies d'un retrait obligatoire ne sont pas monnaie courante, elles ne sont pas rares pour autant. Moins emblématique que celle portant sur les derniers titres Elf en circulation, la dernière en date portait sur les actions Provimi en novembre dernier. Avant, ce sont celles de Léon de Bruxellesuxelles qui ont subi le même sort en juin, mais aussi d'Evialis en mai et de Distriborg, il y a un peu plus d'un an, en février 2009. D'autres cas d'OPR sont régulièrement cités. A commencer par celui de Colas, dont Bouygues détient 96,6 % du capital et dont le reliquat pourrait être sorti de la cote. "Pour autant, Bouygues ayant plusieurs métiers. Le groupe peut très bien ne pas lancer d'OPR tout simplement pour continuer d'avoir une valorisation de marché de sa filiale Construction" imagine Nathalie Pelras.Le cas Exxon et sa filiale EssoAutre exemple, et non des moindres, celui d'Exxon et de sa filiale française de raffinage et de distribution Esso. La major américaine ne détenant qu'un peu plus de 82 % du capital, l'opération devrait se faire en deux temps, puisqu'il lui faudrait d'abord détenir 95% de sa filiale française pour pouvoir imaginer un retrait obligatoire. Exxon est-il prêt à mettre sur un pied une telle transaction ? Nombre de spécialistes s'interrogent, certes, sur l'intérêt d'avoir une filiale cotée en France.D'autant que même si Esso se défend de vouloir garder un réseau de stations-service sous sa marque, les résultats publiés cette semaine plaident plutôt en faveur d'une désertion du marché hexagonal. Si le groupe a officiellement enregistré un bénéfice net de 90 millions d'euros, cela tient essentiellement à la forte augmentation de la valeur des stocks sans laquelle Esso serait à nouveau en perte à hauteur de 77 millions d'euros. En effet dans un contexte de fort ralentissement économique en Europe la demande de produits raffinés a fortement chuté l'an dernier faisant dégringoler par la même occasion les marges de raffinage. Un argument supplémentaire qui plaide pour un retrait d'Esso de la cote parisienne.
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