Retraites et allongement de l'espérance de vie (2/2) : quel impact sur le montant des pensions ?

1.256 euros : c\'est le montant que perçevait en 2011, en moyenne, un retraité français au titre de sa pension, tous régimes confondus, selon une récente étude du ministère des Affaires sociales. La durée de vie s\'allongeant, le volume des pensions à verser s\'accroît considérablement. La réforme des retraites de cet automne devra donc déterminer comment modifier le calcul des pensions pour faire face à la hausse du nombre de bénéficiaires.En France, les pensions sont fonction de l\'inflation depuis 1993Pour l\'instant, en France, une pension de retraite du régime général est calculée selon la formule :Salaire annuel moyen (revalorisé) X taux de retraite (plein (= 50% si la durée de cotisation légale est atteint) X coefficient de proratisation (égal à la durée d\'assurance du retraité divisée par la durée d\'assurance requise pour obtenir la retraite à taux plein).Les pensions sont revalorisées en fonction de l\'évolution des prix (\'linflation) et non plus des salaires depuis la réforme Balladur de 1993.Dans d\'autres pays, on a parfois déjà pris en compte l\'amélioration de l\'espérance de vie dans ce calcul.Grosso modo, deux logiques existent : • logique n°1: soit on prend en compte l\'espérance de vie de la personne une seule fois, au moment de la liquidation, c\'est-à-dire au moment où elle prend sa retraite• logique n°2: soit on indexe les pensions en modifiant leur montant au gré des variations, tous les ans par exemples.En Suède, l\'espérance de vie au moment du départ en retraite fait varier le niveau des pensionsDepuis une réforme datant de 1999, la Suède applique la logique n°1. L\'espérance de vie est prise en compte une fois, au moment du départ à la retraite. Outre d\'autres critères, le montant des pensions est fonction du nombre estimé d\'années que peut espérer vivre une personne au moment où elle prend sa retraite. A mortalité donnée, la pension de retraite est d\'autant plus faible qu\'on part tôt et d\'autant plus élevée qu\'on part tard, et ce barème se déplace progressivement en même temps que la durée de vie générale s\'allonge. Ainsi, les Suédois perçoivent une pension plus ou moins élevée selon l\'âge auquel ils décident de prendre leur retraite (compris entre 61 et 67 ans). L\'Italie et le Portugal prennent également en compte l\'espérance de vie une fois, au moment du départ en retraite. Les voisins transalpins ont opéré une réforme en 1995 qui prévoit que l\'âge légal de départ à la retraite et la durée de cotisation doivent évoluer en fonction de l\'espérance de vie. Toutefois, ses effets ne se feront sentir qu\'à long terme puisque ces choix doivent s\'appliquer aux générations les plus jeunes, en fonction de leur année d\'entrée dans la vie active.Au Portugal, depuis le 1er janvier 2008, est intégré dans le calcul de la pension un coefficient de durabilité qui prend en compte l\'espérance de vie moyenne de la personne à l\'âge du départ en retraite.En Allemagne, l\'évolution de l\'espérance de vie influe sur la revalorisation des pensionsDe son côté, l\'Allemagne a préféré l\'application de la logique n°2: le montant des pensions est réévalué en continu en fonction de l\'évolution de l\'espérance de vie. «Les pensions se calculent en multipliant le nombre de points accumulés par une personne au cours de sa carrière par la valeur de ce point. Celle-ci varie en fonction du rapport entre les cotisations et le volume des pensions à verser » explique Monika Queisser, chef de la division des affaires sociales de l\'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Les Allemands ajustent ainsi la valeur de ces points en fonction de l\'espérance de vie, de la natalité, de l\'évolution des salaires, et des cotisations payables par les actifs.Le risque de perte de pouvoir d\'achat pour les retraitésLa méthode a le mérite d\'adapter le montant des pensions aux évolutions démographiques mais elle induit le risque de beaucoup diminuer le pouvoir d\'achat des retraités. L\'Allemagne fait donc parfois exception à ce principe en gelant le montant des pensions. Ce fut le cas dernièrement, vu le contexte macro-économique. D\'autres pays prennent également en compte l\'espérance de vie comme la Russie, la Pologne ou la Norvège. Aucun de ces pays ne fait de différence selon le sexe de la personne retraitée, bien que l\'espérance de vie varie selon que l\'on soit une femme ou un homme. Ceci pour une raison simple: la Commission européenne l\'interdit.Le cas allemand fait toucher du doigt un point essentiel : corréler le niveau de pension avec l\'espérance de vie, c\'est prendre le risque d\'impacter trop lourdement le pouvoir d\'achat des retraités. C\'est la raison pour laquelle l\'OCDE penche plutôt pour une élévation de l\'âge légal de départ à la retraite.Un choix politique plus qu\'économiquePar ailleurs, « tous les pays qui ont un système de retraite par capitalisation tiennent compte de l\'espérance de vie », rappelle la chef de la division des affaires sociales de l\'OCDE. Ils suivent en effet alors la même logique que celle appliquée pour les assurances vie. Le système français étant organisé par répartition, la comparaison s\'arrête là. Au final, faire varier le montant de la pension en fonction de l\'espérance de vie s\'avère être un choix politique plus qu\'économique. Il s\'agit de trancher entre partir à la retraite avec une pension faible mais qui sera bien revalorisée ou le contraire. En 2011, environ la moitié des pays de l\'OCDE disposaient - dans leur régime de retraite général - de mécanismes d\'indexation automatique des pensions sur l\'évolution de l\'espérance de vie.Lire notre premier volet : Retraites et allongement de l\'espérance de vie (1/2) : quel impact sur la durée de cotisation ?
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