Les baisses d'impôts allemandes ne devraient pas inquiéter la BCE

Politique monétaireDans sa tâche délicate consistant à définir une stratégie de sortie de sa politique accommodante, la BCE pouvait compter sur le retour de l'Allemagne à l'orthodoxie budgétaire. Au printemps dernier, le gouvernement de grande coalition au pouvoir à Berlin avait accompagné ses mesures conjoncturelles d'une réforme constitutionnelle imposant le retour à une politique de consolidation budgétaire à partir de 2011. L'objectif fixé par la loi fondamentale était alors de limiter le déficit fédéral autorisé à partir de 2016 à 0,35 % du PIB et d'interdire tout déficit aux collectivités locales à partir de 2020. La première économie d'Europe s'imposait donc une discipline de fer qui ne pouvait que rassurer la banque centrale. Mais les promesses électorales ont débouché sur des baisses d'impôts de 24 milliards d'euros?bon élèveJacques Cailloux, économistes chez RBS, reconnaît que « la BCE ne va pas accueillir ces décisions budgétaires avec enthousiasme ». Mais, ajoute-t-il aussitôt, cette inquiétude sera d'abord « rhétorique ». « Les chiffres sont trop faibles pour avoir un impact sur la politique monétaire », tranche-t-il. D'autant que l'Allemagne reste un bon élève de la zone. Roland Döhrn, économiste à l'institut RWI à Essen, estime que le déficit budgétaire allemand pourrait atteindre 6 % du PIB en 2010 avec ce nouveau programme fiscal. On est encore loin des 8,5 % de la France. D'autant que ces baisses seront réparties sur plusieurs années. « La situation budgétaire de l'Allemagne restera un problème mineur pour la BCE », conclut Roland Döhrn. « La BCE a convenu qu'il n'était pas encore temps de retirer les stimuli conjoncturels. Elle pourrait donc estimer que ces baisses d'impôts sont encore raisonnables dans ce cadre », ajoute Karsten Junius, responsable de la recherche sur les marchés de capitaux à la Deka Bank.En clair, la politique fiscale du nouveau gouvernement de Berlin « ne remettra pas en cause la confiance élevée de la BCE envers l'Allemagne », estime Jacques Cailloux. D'ailleurs, à peine nommé, le nouveau ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a assuré vouloir conserver l'objectif constitutionnel de réduction des déficits. Romaric Godin, à Francfort
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