L'euro torpillé par la presse britannique

Un nouvel accès de faiblesse de la monnaie unique l'a envoyée tutoyer ses plus-bas récents. Tôt jeudi matin l'euro est retombé à 1,2154 pour un dollar, tout proche des 1,2144 touché le 19 mai. Ce mouvement a été précipité par une nouvelle charge du «Financial Times», par la mise en ligne sur le site internet du quotien de la City d'un article annonçant la prétendue volonté de Pékin de lâcher l'euro. La Chine, qui détient les plus importantes réserves de change au monde (près de 2450 milliards de dollars, dont environ 630 milliards d'obligations d'Etat de la zone euro, estime le quotidien), « s'interrogerait » selon le FT sur ce portefeuille de titres en euros. Ainsi, l'administration en charge du portefeuille des avoirs étrangers, aurait « rencontré des banquiers étrangers à Pékin ces derniers jours pour discuter de la question » et aurait « exprimé son inquiétude à propos de son exposition aux cinq marchés dits périphériques de la zone euro : la Grèce, l'Irlande, l'Italie, le Portugal et l'Espagne ».Même si un désengagement massif de la Chine du marché obligataire de la zone euro apparaît improbable, le seul fait de réorienter ses futurs investissements de portefeuille fait peser une réelle menace sur les obligations souveraines des Etats les plus fragiles, et par là même affaiblit un peu plus la monnaie unique. mauvais indicateursToutefois comme le remet en perspective Jean-Louis Mourier économiste chez Aurel-BGC « les possibilités d'investissement des réserves de changes de la Chine restent limitées. L'ampleur de ses actifs requiert des marchés suffisament profond». Et comme Pékin souhaite depuis de longs mois réduire son exposition au dollar, seul le marché obligataire allemand offre une alternative significative en termes de liquidité et de profondeur à celui des T-Bonds (obligations du Trésor américain). «Certes, la Chine pourrait réduire son exposition à certains pays, dont la Grèce, si ce n'est déjà fait... Mais, elle restera acheteuse d'euros dans les prochains mois » conclut Jean-Louis Mourier. Elle n'a pas d'autres choix... D'ailleurs, la réaction de Pékin n'a pas tardé : la Safe, qui dépend de la banque centrale a affirmé que l'article du FT était dénué de tout fondement et le président du fonds souverain chinois, le CIC, a indiqué que la crise grecque n'aurait pas d'impact sur les décisions d'investissement de la Chine et que le CIC ne modifiera pas le poids de l'Europe dans ses investissements. Ces démentis ont entraîné un rebond de l'euro face au dollar culminant en début de matinée à 1,2342 dollar, avant de se stabiliser à 1,2271 en fin d'après-midi. La parité euro/dollar a intégré dans la journée la confirmation du différentiel de croissance des deux côtés de l'Atlantique. Face à de mauvais indicateurs allemand et belge, les commandes de biens durables aux Etats-Unis ont grimpé de 2,9 % en avril, presque deux fois plus que prévu ! n Les possibilités d'investissement des réserves de change de la Chine sont limitées.
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