Les pays du Golfe contraints d'importer du gaz

Durant les mois très chauds de l'été, les habitants les plus fortunés du golfe quittent souvent la région pour des contrées plus fraîches. Au Koweït, la température atteint déjà les 40 degrés mais dépassera bientôt les 50 degrés. Une chaleur d'autant plus insupportable que la riche monarchie est confrontée depuis quelques années à des coupures de courant intempestives provoquées par un usage intensif des climatisations. En cause, des capacités de production d'électricité insuffisantes mais aussi et surtout un manque de gaz. Le Koweït, Bahreïn, Oman, l'Arabie Saoudite et les Émirats arabes unies (EAU)rencontrent de plus en plus difficultés à satisfaire leurs besoins domestiques. Résultat, ces pays se retrouvent dans « la situation paradoxale de devoir importer du gaz alors qu'ils en ont exporté pendant des décennies », résume une étude de Booz&Co, intitulée « Gas Shortage in the GCC, how to bridge the gap ». « Alors que la récession mondiale a réduit les besoins en gaz dans la plupart des régions du monde, les besoins des pays membres du Conseil de coopération du golfe (CCG) pour la génération d'électricité, notamment pour certains secteurs industriels comme l'aluminium, la sidérurgie ou la pétrochimie, ont crû plus rapidement que l'exploration et la production de gaz », explique Booz&Co. Une part importante de la production des Émirats arabes unis, d'Oman ou du Qatar étant gagée dans le cadre de contrats à long terme avec l'Asie et l'Europe, les pays membres du CCG doivent désormais importer du gaz pour satisfaire leurs besoins domestiques. paradoxeCe renversement paradoxal de situation est déjà une réalité. En août 2009, le terminal pétrolier koweïtien de Mina Al-Ahmadi recevait sa première livraison de gaz liquéfié de Russie. Les besoins en gaz de la région, qui atteignaient 19 milliards de mètres cubes en 2009 pourraient grimper jusqu'à 35 milliards en 2015, estime Booz&Co. Comment les six pays membres du CCG, pourtant assis sur près d'un quart des réserves de gaz (23 %) mondial, en sont arrivés là ? La région a connu une croissance spectaculaire de 7,6 % l'an entre 1998 et 2008. La demande de gaz et celle d'électricité ont progressé presque aussi vite. Or, comme le souligne l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les besoins en énergie de la région devraient croître de 50 % d'ici à 2030 et 90 % de ces besoins supplémentaires devraient être comblés par le gaz. Une part importante du gaz produit dans la région est par ailleurs réinjectée dans des gisements de pétrole pour maintenir la pression et la production. Les pays membres du CCG gèrent actuellement cette pénurie de gaz domestique en réduisant les réinjections. « Mais cette stratégie est intenable à long terme dans la mesure où la réduction des réinjections de gaz va finir par peser sur la production de pétrole », souligne Booz&Co.
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