Les dessous d'une drôle de succession

« Heureusement que l'avenue Kléber est à deux pas de l'avenue de Wagram », ironise-t-on dans les couloirs d'EDF en faisant allusion au siège de Veolia, de l'autre côté de la place de l'Étoile, où Henri Proglio devrait conserver une fonction « non exécutive ». Deux pas que certains ont déjà franchis, si l'on en croit la rumeur selon laquelle une réunion « secrète » du nouvel état-major se serait tenue ce week-end. Trois des quinze membres du comité exécutif (le comex) de l'électricien auraient rencontré Henri Proglio dès la semaine dernière.En même temps, d'autres grands directeurs d'EDF, en délicatesse avec François Roussely, l'avant-dernier président du groupe, tremblent. Pour tout le monde, l'ombre du prédécesseur de Pierre Gadonneix plane sur l'arrivée d'Henri Proglio. Les deux hommes, de bords politiques opposés, sont très amis. Le second avait refusé en 2004 le poste que Jacques Chirac lui proposait car le premier souhaitait être reconduit. À la faveur du bras de fer qui avait opposé le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, et son candidat, Francis Mer, au président Chirac qui appuyait Roussely, c'est Pierre Gadonneix, alors à la tête de Gaz de France, qui avait été nommé.« Les proches de Roussely n'ont pas digéré 2004 », explique une source interne. Avec un management très passionnel, François Roussely avait créé dans le groupe à la fin de son mandat une ambiance de camp retranché. Avec les fidèles lieutenants d'un côté et les « traîtres » tombés en disgrâce de l'autre. Certains n'hésitent pas à dessiner le futur « comex » à l'aune des inimitiés et fidélités supposées envers l'ancien patron d'EDF, tablant sur la légendaire loyauté d'Henri Proglio vis-à-vis de ses amis. L'influence prêtée à François Roussely, qui quittera en janvier la présidence de Credit Suisse France, s'alimente des chuchotements sur ses liens actuels avec l'Élysée. « Il est toujours reçu par Claude Guéant », le secrétaire général de l'Élysée, affirme-t-on avenue de Wagram. L'Élysée qui a non seulement choisi Henri Proglio mais qui, conformément au volontarisme industriel de Nicolas Sarkozy, assure une vraie tutelle sur l'électricien public.interrogationsL'effet « flash-back » avec la fin du mandat de Roussely en 2004 est aussi favorisé par les interrogations sur les conquêtes internationales de Pierre Gadonneix. Celui-ci a dû solder les aventures imprudentes en Amérique latine et en Italie de François Roussely. Tout le monde se demande quel regard portera Henri Proglio sur les incursions britanniques et américaines de Pierre Gadonneix. M.-C. L.
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