Les excès de la bulle immobilière devant la justice espagnole

Le plus grand procès pour corruption jamais tenu en Espagne s'est ouvert lundi à Málaga. Quatre-vingt-quinze personnes, dont trois anciens maires, se retrouvent ainsi sur le banc des accusés plus de quatre ans après la révélation en 2006 de l'affaire Malaya. On les accuse de blanchiment, malversation de fonds publics, prévarication, fraude et corruption. Au centre de cette trame géante de corruption urbanistique qui affecte la localité andalouse de Marbella, mais aussi une partie de la Costa del Sol, zone prisée des touristes allemands et britanniques, se trouve Juan Antonio Roca, ancien adjoint à l'urbanisme de Marbella. L'homme est à l'origine du système corrompu qui est examiné aujourd'hui par la Justice et qui fonctionnait à base de « coups de pouce » urbanistiques en l'échange de pots-de-vin dont il se servait pour son enrichissement personnel et pour « rétribuer » les membres de l'administration locale. Selon le Parquet, 610 millions d'euros auraient été blanchis par le réseau de corruption, à travers, entre autres, des immeubles ou des oeuvres d'art. Ce procès qui pourrait durer douze mois est aussi celui des excès de la ruée vers l'immobilier qui a caractérisé le boom économique de l'Espagne. « Cette affaire est directement liée à la bulle spéculative sur l'immobilier », estime Javier Morillas, professeur à l'université madrilène CEU San Pablo. « À partir du milieu des années 1980, les flux de touristes, notamment étrangers, ont généré une demande énorme dans le secteur du logement dans la région, ce qui a entraîné une demande illimitée de requalification de terrains protégés », explique-t-il. «  Cette pression a été vue comme une opportunit頻. « Insécurité juridique » Une opportunité que certains élus locaux ont voulu saisir, profitant des compétences importantes des mairies en matière d'urbanisme. Outre la concession de licences de construction, les municipalités sont en effet celles qui dessinent les plans d'urbanisme et décident des requalifications de terrains, avec l'aval des autorités régionales. Or, « comme les poches des mairies sont vides, il y a des dérives du type de Marbella », explique Jesús Sánchez Lambas. Ce responsable de la branche espagnole de l'ONG Transparency International assure qu'outre la corruption, ces compétences locales en matière d'urbanisme créent « une insécurité juridique puisque les plans d'urbanisme se modifient au fil de l'eau ».Aujourd'hui, l'élément économique manque à ce cocktail explosif. Avec l'éclatement de la bulle immobilière, le secteur n'apparaît plus comme une manne inépuisable. En 2009, seuls 80.000 nouveaux logements ont été construits contre 237.000 en 2008. Toutefois, Greenpeace a dénombré plus de 400 cas de corruption urbanistique l'année dernière. Gaëlle Lucas, à Madrid
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