Rachat de TMC et NT1 : l'opposition à TF1 s'organise

télévisionLes sages du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) se sont penchés hier soir en réunion plénière sur le rachat par TF1 au groupe AB des chaînes TMC et NT1, diffusées sur la TNT. Le gendarme de l'audiovisuel a examiné les aspects concurrentiels de l'opération, car il doit rendre avant la fin de la semaine un avis à l'Autorité de la concurrence. Celle-ci tiendra une audience autour du 20 novembre, puis autorisera ou non l'opération avant fin novembre. Sur les aspects liés au pluralisme, c'est en décembre que le CSA se prononcera. Face à TF1, qui déploie tout son lobbying pour faire accepter ce rachat, M6, Bolloréeacute;, NRJ et NextRadioTV (dont le principal actionnaire, Alain Weill, est propriétaire de « La Tribune ») militent en sens contraire.force de frappe inégaléeIls déplorent d'abord la force de frappe inégalée qu'aura le nouvel ensemble concernant l'achat de programmes. Et dénoncent l'« effet de gamme » dont bénéficiera TF1, qui pourra éviter toute concurrence entre ses trois chaînes, en proposant sur chacune des programmes visant une cible différente ? par exemple, les ménagères sur TF1, les jeunes sur NT1 et les seniors sur TMC.Surtout, cette acquisition renforcera le poids de TF1 sur le marché publicitaire. En 2008, la Une raflait toujours, à elle seule, 50 % du marché de la publicité télévisée (en net), soit une avance de 30 points sur le suivant (M6). S'y ajoutent les parts de marché de la première chaîne de la TNT, TMC (1,5 %), celle de NT1 (0,7 %) et des chaînes du câble et du satellite dont TF1 assure la régie (2 %). Sans compter, à la fin de 2011, la future chaîne bonus (sans doute TV Breizh pour TF1), octroyée par la loi aux chaînes de télévision historiques à l'extinction de la TV analogique, et les reports résultant de l'arrêt total de la publicité sur les chaînes publiques (estimés à près de 2 %). Bref, pour les opposants, TF1 reste ? comme le gendarme de la concurrence l'a plusieurs fois estimé ? en position dominante sur ce marché. Et ce rachat constitue ainsi un renforcement inacceptable.Une situation que nie TF1, qui fait valoir que sa part de marché recule : elle s'élevait à 53,5 % en 2003. Surtout, le groupe assure ne plus faire la loi sur le marché. N'a-t-il pas du baisser ses tarifs début 2009 sous la pression des annonceurs ? Mais, selon un concurrent, « la mauvaise passe de TF1 était seulement conjoncturelle. Aujourd'hui, leurs écrans sont à nouveau pleins, et ils ont repris leurs mauvaises habitudes ». Selon l'agence médias Carat, TF1 aurait augmenté à nouveau ses tarifs publicitaires à la rentrée (de 1,4 % à 1,8 %). Et elle aurait décroché des contrats d'exclusivité avec 70 annonceurs.Les gendarmes de l'audiovisuel et de la concurrence imposeront-ils des garde-fous ? En 2004, lorsque TF1 avait pris 40 % de TMC, Bercy ne s'était pas montré très sévère : il avait seulement imposé que TMC soit dotée d'une régie interne indépendante, et que l'achat de programmes soit effectué par AB (qui détenait alors 40 % de TMC). Ces garde-fous paraissent aujourd'hui moins efficaces avec TF1 détenant 80 % de TMC et 100 % de NT1. NRJ, Bolloréeacute; et NextRadioTV, nouveaux entrants de la TNT, en concurrence avec TF1, TMC et NT1, proposent une autre solution : leur donner, à eux aussi, une chaîne bonus. JAMAL HENNI
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