Une société de gestion qui dénonce les entreprises « aux yeux rivés sur leurs cours de Bourse » ! Et qui s'insurge contre « l'ampleur des licenciements » de ces derniers mois ! La dernière note mensuelle de Delubac Asset Management ne manque pas de sel. D'ordinaire, ce sont les chefs d'entreprise qui fustigent la vision à court terme des investisseurs. Et ces derniers ont plutôt coutume d'applaudir les plans sociaux. Delubac inverse les rôles. Évoquant les résultats semestriels publiés par les entreprises, très supérieurs aux prévisions des analystes, la société de gestion rappelle que ces performances sont le fruit de réductions de coûts qui ont contrebalancé l'atonie de la demande. « Saine gestion ? », s'interroge Delubac. « Peut-être pas. Car l'ampleur des licenciements a été largement disproportionnée en regard de la crise économique. » Pour Delubac, les entreprises ont licencié à tour de bras dans le principal dessein de « surprendre positivement les marchés », avec des bénéfices semestriels inespérés. Cela afin de rehausser leurs valorisations boursières, tombées bien bas depuis l'éclatement de la crise des subprimes, il y a deux ans. Si bas que nombre de sociétés redoutent de faire l'objet d'un rachat par un concurrent. Mais, en enclenchant une hausse « artificielle » de leurs cours, ces entreprises « ont scié la branche déjà fragile sur laquelle elles étaient assises », dénonce Delubac. Tout simplement parce que des collaborateurs jetés sur le carreau, ce sont autant de consommateurs en moins. Et sans consommation, pas de reprise de la demande, seul moteur d'un rebond pérenne des bénéfices. « Meilleurs seront les résultats à court terme, plus laborieuse sera la reprise économique et, donc, la vigueur du prochain cycle boursier », insiste Delubac. Reste que, même lié à des résultats en trompe-l'?il, le bond de 20 % du CAC 40, au cours des trois derniers mois, aura fait bien des heureux au sein de la communauté financière. Christine Lejoux

latribune.fr

29 Sept 2009, 1:46

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