La reprise s'essouffle avant même les plans d'austérité

La reprise de l'activité marque des signes d'essoufflement alors même que les plans de rigueurs adoptés par les grands pays industrialisés n'ont pas encore été mis en oeuvre. Baisse des exportations au Japon, révision à la baisse de l'indice de confiance des industriels chinois, stagnation de la confiance des chefs d'entreprises de la zone euro, chute de la confiance des consommateurs américains... Les indicateurs de conjoncture publiés mercredi brossent le portrait d'une reprise plus incertaine que jamais provoquant un brusque décrochage des places financières (voir page 29) La reprise de l'économie mondiale n'est pour l'heure pas remise en cause. Mais l'accélération de la croissance portée depuis la fin de l'été dernier par les plans de relance budgétaire et le restockage des entreprises semble prendre fin. Pour les économistes de BNP Paribas, la croissance pourrait donc « se modérer au cours des prochains trimestres », d'autant que « les mesures de consolidation budgétaire pèseront nettement sur la demande intérieure ».situation critiqueLa situation est particulièrement critique sur le Vieux-continent. La chef économiste de la société d'assurance crédit Euler Hermes note en effet que les plans d'austérité annoncés par les gouvernements européens sont, à l'exception de l'Allemagne et de l'Espagne, beaucoup plus importants que les plans de relance. En France, par exemple, alors que les mesures de soutien à la croissance pour les années 2009-2010 représentaient l'équivalent de 1,7 point de PIB, les mesures d'austérité ? réduction des dépenses, hausse des impôts ? prévues pour les années 2010-2013 représentent 4 points de PIB. Même chose au Royaume-Uni où le plan de relance représentait 0,8 point de PIB alors que les mesures d'austérité annoncée équivalent à 9 points de PIB. « Cet effet de balancier va amputer la croissance d'un point de PIB en 2011 et d'autant en 2012 », a calculé Karine Berger. Résultat, la croissance européenne ne dépassera pas les 1 % l'an prochain et l'année suivante. Mais les grands pays européens n'ont guère le choix. La France, par exemple, peut s'endetter aujourd'hui à 3,5 %. Mais un simple retour à la moyenne des dix dernières années (4,5 %) coûterait, selon les calculs de Karine Berger, 25 milliards d'euros supplémentaires au budget de l'État annulant une bonne partie des efforts engagés. Faut-il craindre une nouvelle récession ? Ce n'est pas le scénario retenu par Morgan Stanley. Les économistes de la banque ne seraient « pas surpris » que la croissance mondiale atteigne 5 % cette année même s'ils tablent toujours sur 4,8 %. Ils rappellent que la croissance mondiale a en effet dépassé les 5 %, en rythme annualisée, au dernier trimestre 2009 et au premier trimestre 2010. Mais le pic de la reprise ayant été atteint au premier trimestre ils tablent maintenant sur une « modération » de la croissance cette année et l'an prochain.
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