L'heure de vérité approche pour Carrere

L'interminable feuilleton de la reprise de Carrere va bientôt prendre fin. Le second producteur audiovisuel français de fictions (« Commissaire Moulin », « Maigret », « Clara Sheller » etc.) est en redressement judiciaire depuis fin 2008. Placé en observation durant 18 mois - soit la durée maximale -, cette période arrive aujourd'hui à son terme. Le tribunal de commerce de Bobigny a le choix entre deux options : liquider la société, ou avaliser l'unique offre de reprise en lice déposée par la holding luxembourgeoise Omega Entertainment. Toutefois, la cinquantaine de millions d'euros que doit apporter Omega n'est pas arrivée mardi comme promis. Cet argent devait notamment servir à reprendre une partie de la dette bancaire contractée auprès de LCL, BNP, Caisse d'Epargne, CIC, Banque Palatine et Oseo (qui avaient prêté collectivement 38,9 millions d'euros), la Société Généralecute; Générale (14 millions) et HSBC. Une audience a eu lieu mardi après midi au tribunal, qui a indiqué qu'il rendrait sa décision prochainement. Le propriétaire d'Omega, Jean-Yves Giraud, est devenu président du conseil d'administration début 2010. Initialement, il avait affirmé avoir derrière lui un groupe audiovisuel italien - il s'agissait de Mediaset - qui n'a finalement jamais apporté son soutien. En outre, Jean-Yves Giraud a dû lever l'interdiction de gestion d'une entreprise qui pesait sur lui suite à une faillite personnelle en 1995. Enfin, il a été abandonné en cours de route par ses associés initiaux, Bertrand Glineur et l'animateur Karl Zéro, qui n'étaient plus convaincus par son projet de reprise. Last but not least, son offre était combattue par un corbeau, qui s'est employé à la discréditer auprès du tribunal via des lettres anonymes.Une liquidation pourrait intéresser de nombreux groupes, car Carrere rassemble de nombreuses sociétés de production de valeur, comme celles de Guillaume Durand (rachetée pour 3 millions d'euros), 51 % de celle de Pascale Breugnot (rachetés pour 2,3 millions), 51 % de celle de Tony Comiti (rachetés pour 1,2 million) ou encore 66 % des Armateurs, le producteur du dessin animé « Kirikou » (racheté un million). TelFrance avait proposé au tribunal de reprendre les Armateurs pour un million. Et Lagardèrerave;re et Marathon avaient songé à racheter directement certaines sociétés du groupe.Parallèlement, l'étau judiciaire se resserre autour du groupe. Une plainte a été déposée le 28 janvier par 203 actionnaires représentant 12 % du capital et fédérés par le cabinet Deminor. Déposée à Bobigny, la plainte a ensuite été transmise à la brigade financière. Les dirigeants de Carrere sont accusés d'avoir présenté des comptes inexacts, et diffusé une information financière « mensongères et gravement lacunaire ». Déjà, les commissaires aux comptes avaient saisi la justice sur une commande suspecte (« La Tribune » du 20 janvier 2009). Parallèlement, l'AMF conduit une enquête sur les comptes, et un contrôle fiscal global est mené.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.