La microfinance peine à séduire les investisseurs

Faute de souscriptions suffisantes, l'initiative de Microfis n'a pas abouti. L'émission de l'obligation a été annulée.
Copyright Reuters

La microfinance a du mal à percer en France. Le projet de Microfis, plate-forme de finance responsable destinée aux investisseurs institutionnels, a été annulé. Il proposait la première émission mondiale d'une obligation d'une institution de microfinance (IMF), en l'occurrence l'IMF cambodgienne Prasac, cotée sur un segment d'Alternext dédié. Avec la volonté de créer une classe d'actifs pour être placée dans des fonds labellisés ISR (investissement socialement responsable).

« Nous n'avons pas levé les montants nécessaires pour satisfaire à l'émission de cette obligation, à savoir un minimum de 10 millions de dollars », regrette Cyrille Parant, président de Microfis. Les souscripteurs qui avaient participé à cette émission ont été remboursés.

Le dossier tient pourtant la route. Microfis a le soutien de Nyse Euronext, de Paris Europlace et de l'AFG (Association française de la gestion financière) qui a souligné « l'excellence du cadre juridique et du savoir-faire français » à travers ce projet. Et Microfis s'était entouré de spécialistes de la place comme Caceis, Eurogroup, Gide Loyrette Nouel, Mazars, PwC, Tikehau IM ou Vigeo.

Absence de notation

« Ce n'est ni la structure du produit, ni son rendement, ni le risque qui sont en cause », assure Cyrille Parant. La volatilité sur les marchés est défavorable aux nouveaux produits. Le fait que l'obligation soit libellée en dollar a aussi posé des problèmes, tout comme la liquidité (émission sur 3 ans). L'absence de notation semble aussi être un frein. Enfin, certaines maisons privilégient leurs produits ou partenariats. Toute la difficulté est de convaincre les investisseurs (assureurs, banques, gérants...) d'allouer une part de leurs actifs à la microfinance. Le « ratio poubelle » des fonds est une solution.

Alors que la microfinance est au menu du G20 de Cannes, à la demande de la France, cet échec fait désordre. Il est dommage que ce projet français n'ait pas été suivi par les acteurs français, dont certains n'hésitent pourtant pas à lancer des initiatives à l'étranger (lire page 14). « C'est une occasion perdue pour la place, estime Cyrille Parant. Il y a un décalage entre les intentions affichées et les actes. » Microfis n'abdique pas et indique qu'elle rencontrera les investisseurs réellement intéressés par ce projet pour voir, avec eux, comment surmonter les différentes barrières.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.