Sarkozy, d'Alstom à Heuliez

Par Philippe Mabille, éditorialiste à La Tribune.

Le volontarisme industriel est la marque de fabrique du sarkozysme. Le chef de l'Etat l'a montré à Bercy en sauvant Alstom des griffes de ses créanciers, en particulier les banques françaises, contre l'avis de ceux qui le poussaient à laisser l'entreprise faire faillite. La suite de l'histoire lui a donné raison?: l'entreprise symbole du TGV a réussi avec le concours de l'Etat la plus belle opération de retournement de ces dernières années.

Ce qui arrive actuellement à la filière automobile pourrait donner l'illusion que le cas Alstom est reproductible à une plus petite échelle, que l'Etat est légitime pour organiser cette restructuration, en tout cas pour l'initier, au nom de la défense de l'emploi. Pour cela, deux instruments nouveaux ont été créés?: le Fonds stratégique d'investissement (FSI), géré par la Caisse des dépôts et riche de 6 milliards d'euros?; et un fonds de modernisation des équipementiers automobile (Fmea), déjà doté de 600 millions, dont les deux tiers fournis par PSA et Renault.

L'objectif est clair?: structurer la filière en faisant émerger des sous-traitants plus musclés capables de devenir des leaders européens ou mondiaux du secteur. Mais la doctrine d'intervention de ces fonds l'est beaucoup moins, notamment la définition de ce qu'est une entreprise stratégique. Au moment où les difficultés se multiplient, le danger s'accroît de voir l'Etat devenir actionnaire minoritaire d'une myriade d'entreprises non viables. Ainsi, le FSI est entré dans Valeo mais avait initialement rejeté le dossier Heuliez.

L'équipementier des Deux-Sèvres a certes un immense avantage sur les autres, celui d'être dans le fief de Ségolène Royal. Cela lui vaudra peut-être (on le lui souhaite) d'être sauvé après une période de redressement judiciaire qui remettra de l'ordre dans son capital. La France a déjà connu ce mélange entre la politique et l'industrie à l'époque du Crédit Lyonnais. Pour éviter toute fuite en avant, le gouvernement doit d'urgence fixer des règles de gouvernance plus précises pour éviter que le FSI ne finisse par passer sa vie dans les tribunaux de commerce.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Cet interventionnisme d'Etat est tout sauf nouveau , de la métallurgie française au plan calcul , en passant par les chantiers navals dont justement ces Chantiers de l'Atlantique qui ont été largués pour sauver Alstom , résultante du démembrement du ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Qui est le PDG d'Heuliez ? Si c'est un ami de SARKO genre BOLLORE, il n'y a aucun problème avec les banques, sinon, tant pis. Voici une situation de plus où le BOUCLIER fiscal offert aux ami(e)s de SARKO aurait pu servir ! Au fait, d'où viennent ses ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.