Banques : feu les bonus

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Le doute n'est plus permis. Cette fois, la chasse aux bonus dans les banques est bien ouverte. L'entrée en lice surprise, hier soir, de la Réserve fédérale marque un véritable tournant. Les autorités américaines ne se contenteront pas de mots. La Fed exige des mesures "immédiates", préservant la santé des établissements financiers.

C'est la fin annoncée du double jeu auxquels se livraient les banques, de part et d'autre de l'Atlantique. Début septembre, on avait assisté, sidéré, à l'exercice d'autocritique de Lloyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs, la banque star de Wall Street, incitant ses pairs à "mieux comprendre à partir de quel moment les bonus commencent à jouer contre l'intérêt général". C'était à quelques jours du G20 de Pittsburgh, censé ramener les banquiers à la raison, et quelques semaines avant que Goldman Sachs ne porte à près de 17 milliards de dollars les sommes mises de côté (sur trois trimestres !) pour les bonus de ses traders.

En Europe, un Credit Suisse, par exemple, n'était pas en reste. Côté "morale", la banque helvétique amendait le mode de rémunération de 7.000 de ses salariés pour se mettre en conformité avec les recommandations du G20, avec un paiement des bonus étalé dans le temps et partiellement acquitté en actions. Un timide "malus" faisait même son apparition, compensé tout de même par une augmentation des salaires fixes. Mais côté concurrence, elle débauchait une équipe entière de traders spécialisés de la Société Générale. Le tapis rouge était si long que les intéressés n'avaient même pas à rejoindre les activités de trading de Credit Suisse, basées à Londres, et qu'ils pouvaient continuer à exercer leur métier à Paris.

Mercredi soir, lord Griffiths, le vice-président de Goldman Sachs, s'inquiétait d'un durcissement des règles du jeu à la City, susceptible de pousser ses équipes londoniennes à s'expatrier. Il peut désormais se rassurer. Au train où vont les choses, elles n'auront bientôt plus beaucoup d'endroits où aller.

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Commentaires 4
à écrit le 26/10/2009 à 15:46
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Dommage pour nos "grosses têtes" et pour les pays européens, fourvoyeurs de ces talents exceptionnels, d'être réduits à la piètre considération de producteurs de valeurs virtuelles à destination du monde financier international. Régulièrement, de faç...

à écrit le 26/10/2009 à 13:10
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Rassurez-vous il existera toujours des pays moins imbéciles que les européens (Hong-Kong et Singapour ont bien compris et vont nous piquer nos grosses têtes). Ne pas vouloir payer les gens au tarif d'un marché qui est mondial aura des conséquences pe...

à écrit le 26/10/2009 à 9:22
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Les bonus ne sont ils pas la partie apparente de l'iceberg ? .En effet les nouveaux outils ,mathématiques,informatiques, en vogue dans les salles de marchés sont des incroyables leviers de performances spéculatives qui ne peuvent pas laisser indiffér...

à écrit le 24/10/2009 à 7:28
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Seule une séparation en capital des activités financières vis à vis des banques de reseau permettra de mieux controler les risques et d'eviter les exagerations en matiere de remuneration!

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