Les vraies promesses du secteur des technologies

De nombreux signaux indiquent que le secteur des technologies a un bel avenir. La demande des consommateurs est et restera soutenue, les entreprises vont devoir s'équiper après des années de disette, et les tentations passées du secteur à toujours surinvestir en période de reprise ne sont plus de mises aujourd'hui.

Peu de secteurs font autant l'objet d'idées fausses que celui des technologies. Parmi elles, il est courant de penser que les consommateurs endettés n'ont plus les moyens d'acheter des produits électroniques ; que l'impact de la récession sur la demande des entreprises mettra des années à se résorber ; que les sociétés technologiques devront accroître leur capacité de production, au risque de se retrouver en situation de surcapacité. Même si ces idées ont pu trouver un certain écho lors de la décennie passée, il y a aujourd'hui bien plus d'éléments permettant de les infirmer.

La demande des consommateurs en 2009 a été étonnamment forte, les ventes de PC ayant atteint leur plus haut niveau depuis 2000, malgré la forte récession. Bien que la demande ait toujours été facteur de l'innovation, le prix est également un élément crucial. Au cours des dix-huit derniers mois, les prix de beaucoup de produits de consommation majeurs ont atteint des niveaux particulièrement bas. Avec deux conséquences. Tout d'abord, comme les années 2000 l'ont illustré, lorsque les prix atteignent des niveaux critiques, le rythme d'adoption des nouvelles technologies suit une rapide courbe en "J".

Par exemple, en seulement trois ans, de 2002 à 2005, le taux de pénétration des téléphones mobiles en Russie est passé de 7% à 60% de la population ! De même, la durée d'utilisation moyenne de ces produits devient de plus en plus courte. Ils se sont transformés en technologie "jetable" soumise aux modes et aux innovations. Les bonnes performances constatées en 2009 devraient être le début d'une tendance pluriannuelle d'augmentation de la pénétration des produits technologiques dans les foyers, alors que la durée de vie moyenne des PC, écrans LCD et téléphones portables continue de se réduire.

Sur le terrain des entreprises, leurs dépenses en équipement non résidentiel (essentiellement technologique) atteignaient 9% du PIB en 2000, avant de baisser à 7,5% en 2003 et 6% aujourd'hui, le plus bas niveau des trente-huit dernières années. Cette réduction laisse des parcs de PC, serveurs et autre "hardware" presque obsolètes. Les entreprises vont ainsi être amenées à investir bien davantage au cours des deux prochaines années. Sur la base de conversations fréquentes avec des responsables d'entreprises, nous estimons que la valeur de trois ans d'investissements sera dépensée en seulement deux ans. La sortie du système d'exploitation Microsoft Windows 7, bien accueilli par la critique, va, elle aussi, engendrer des investissements considérables en 2010 et au-delà.

Des mises à jours importantes de logiciels ont lieu tous les deux à quatre ans et s'accompagnent généralement de vagues de renouvellement des équipements. Les sceptiques avancent enfin que le bénéfice d'une forte demande est souvent annulé par la propension des sociétés technologiques à créer de la surcapacité en reprise économique. Le point était vrai lors de la dernière décennie mais la situation est très différente aujourd'hui. Les effets cumulés d'une prise de conscience des erreurs passées et du "credit crunch" ont conduit les semi-conducteurs à réduire leur capacité de production de 14% en 2009.

Le deuxième facteur est le montant des dépenses. Le coût de construction d'une usine de microprocesseurs de pointe était de 3 milliards de dollars lors du dernier cycle contre 6 milliards aujourd'hui. Par conséquent, les stocks de semi-conducteurs ont atteint aujourd'hui leur deuxième niveau le plus bas des dix dernières années. Avec des stocks réduits, l'offre est déjà insuffisante.

L'effet sera double : il lissera la saisonnalité habituelle du secteur et fera remonter le pouvoir de négociations sur les prix en amont de la chaîne. La position des fabricants de composants de "hardware" est particulièrement favorable. Si la baisse des prix habituellement constatée était réduite de moitié, leurs marges d'exploitation pourraient augmenter de près de 50%. La pénurie d'offre de composants continuera d'exister indépendamment d'une reprise macroéconomique ou d'un retournement des tendances de consommation. Dans tous les cas, le contexte est favorable aux fabricants de composants. Si à cela venait s'ajouter une forte reprise économique, nous pourrions nous souvenir longtemps de cette année comme d'une année record.

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