Le troisième tour sera salarial

Par Philippe Mabille, rédacteur en chef et éditorialiste à La Tribune.

Grève hier dans la branche produits frais de Danone partout en France, chez YSL Beauté dans l'Oise... Conflits sociaux en février dans les magasins Ikéa et chez ThalesA chaque fois, un seul mot d'ordre : la hausse des salaires. Encore isolées, ces revendications se multiplient, laissant présager un troisième tour salarial qui inquiète les entreprises et le gouvernement. Il est difficile de dire quelle part occupe la question du pouvoir d'achat dans le vote sanction que vont très probablement adresser, les dimanches 14 et 21 avril, les électeurs, à la majorité présidentielle.

Comme le montre notre sondage, l'inquiétude des Français dans la sortie de crise est diffuse. Entre le chômage, le tournant annoncé de la rigueur, imposé par l'explosion des déficits et de la dette et l'insatisfaction générale à l'égard du manque de résultats concrets de la politique menée par Nicolas Sarkozy, les raisons ne manquent pas d'adresser un avertissement au pouvoir à mi-mandat. Le chef de l'Etat, hier candidat "du pouvoir d'achat" n'est d'ailleurs pas le dernier à entretenir les revendications salariales dans le pays, en menaçant, à nouveau, de légiférer si le patronat n'avance pas de propositions sur le partage de la valeur ajoutée.

La règle, absurde, des trois tiers a certes disparu du discours présidentiel, mais la pression demeure, légitimant par là-même les tensions dans les entreprises. Certes, les 50 milliards de profits du CAC 40, qui ont bien résisté en 2009 à la récession mondiale, servent de chiffons rouges. Mais c'est sans compter sur l'armée des PME que la crise a mises sinon à terre, du moins considérablement affaiblies. Comme l'a montré la sagesse du syndicat allemand IG Metall, l'arbitrage demeure donc aujourd'hui en faveur de l'emploi, au détriment des salaires. Mais on ne peut douter que ce sujet reviendra en boomerang dès que l'on commencera à ressentir les premières chaleurs de la reprise.

Après tout, sortir du paradigme de la modération salariale est un moyen de relancer la demande avec un peu d'inflation, la potion magique préconisée par l'économiste en chef du FMI. Il faudra auparavant passer sur le corps de Jean-Claude Trichet, le président de la BCE !

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Commentaire 1
à écrit le 12/03/2010 à 11:02
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Feu-Jacques MARSEILLE constatait que les périodes d'inflation coîncidaient avec les périodes d'enrichissement des Français; j'aimerais bien que, de part le monde, nos brillants penseurs et économistes s'accordent sur ce point. Les missions de la Ban...

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