Le paysage mouvant du G20

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

L'histoire érode les prétentions humaines, et plus impitoyablement encore dans les périodes de crise. Un an seulement s'est écoulé depuis le G20 de Londres et le paysage n'a rien à voir avec celui qu'on avait cru pouvoir esquisser. Sur le commerce international, par exemple. Pour éviter de répéter l'erreur des années 1930, les dirigeants avaient donné mission à Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), de conclure le cycle de Doha sur l'abaissement des droits de douane.

Douze mois plus tard, hasard du calendrier, une réunion des 153 pays de l'OMC vient de s'achever sur un nouvel échec. Le monde n'a pas basculé dans le protectionnisme, mais des signes comme le projet de taxe carbone aux frontières de l'Europe montrent que l'ambiance n'est pas au désarmement commercial. Autre exemple : les hedge funds devaient être encadrés avant la fin 2009. Il n'en a rien été et cette semaine, Washington n'en a pas soufflé mot parmi les engagements de régulation qu'il a dit partager avec l'Europe.

Les "vainqueurs" du G20 étaient, pour la presse française, Sarkozy et Merkel, unis dans leurs exigences ; pour la presse anglo-saxonne, Obama et Brown. Après érosion, quels sont les reliefs résiduels du G20 de Londres ? D'abord, un éperon de granit nommé Chine qui domine la plaine. Le président Hu Jintao, à l'époque, n'avait fait valoir sa puissance que sur un point mineur, la liste des paradis fiscaux où il refusait de voir figurer Hong Kong et Macao. Une bonne pioche quand même : tout le monde avait jugé le Fonds monétaire international renforcé dans ses moyens et ses missions par le G20. Vu d'aujourd'hui, il l'est.

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