L'Europe, in varietate concordia

Par Philippe Mabille, rédacteur en chef et éditorialiste à La Tribune.

En salle d'opération depuis vendredi, l'euro va entrer dès l'ouverture des marchés ce matin en réanimation. Le malade est-il guéri par le traitement de choc qui lui a été apporté ? Ou bien les métastases de la crise "systémique" enfin identifiée par les politiques vont-elles de nouveau s'étendre ? Au vu du caractère exceptionnel des mesures prises par les chefs d'Etat et de gouvernement, on peut espérer une phase de rémission. C'est souvent au bord du gouffre que l'Europe trouve les ressources du sursaut.

Le fait que son réveil coïncide avec la commémoration des 60 ans de la déclaration par laquelle Robert Schuman a lancé, le 9 mai 1950, la grande aventure de la construction de l'Europe, n'est pas anodin. Tous les politiques, à commencer par Nicolas Sarkozy, ont dramatisé l'enjeu des décisions à prendre au nom justement de la défense d'une Europe symbole et instrument de la paix sur le Vieux Continent.

La mobilisation générale décrétée pour faire barrage à la spéculation a donc des airs d'union sacrée, donnant tout son sens à la devise de l'Europe, "in varietate concordia" (unis dans la diversité). Union entre les Européens eux-mêmes, ce qui n'était pas gagné, notamment avec l'Allemagne à la veille d'élections cruciales pour Angela Merkel et alors que le Royaume-Uni n'a pas de gouvernement. Union sacrée forcée en interne aussi où le contre-exemple grec sert de repoussoir et fait converger tous les pays vers une nécessaire cure d'austérité budgétaire.

Une politique économique sans alternative possible s'impose à tous les gouvernements, le défi étant de le faire sans tuer la reprise. Un équilibre délicat à trouver, dans lequel les marchés trouveront à l'avenir de nouvelles failles, ce qui signifie qu'ils ne sont pas près de relâcher leur pression. Mais les pays de la zone euro ont découvert aussi avec cette crise qu'ils sont désormais indissolublement liés. Par l'intermédiaire des banques, qui se servent de la dette publique comme instrument de liquidité, si l'un tombe, tous sont affectés. Et même Obama a senti la menace que la crise de l'euro fait peser sur la stabilité mondiale. Car si la monnaie européenne tombe, à votre avis, qui sera la prochaine cible, sinon le dollar des Etats-Unis surendettés...

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 11/05/2010 à 10:37
Signaler
La "variété" a des limites grecques si on ne veut pas remettre en cause la possibilité de concorde et de survie accessoirement. La drame, c'est qu'en dehors de l'austérité, et de la dette pour les dépenses courantes, on ne sait pas comment s'en sorti...

à écrit le 10/05/2010 à 7:05
Signaler
Et la " planche à billets " du dollars qui leur a permis ( et toujours) de faire tant de guerres dans le monde (après celle de 39-45)... eux au moins ne risquent rien tant qu'il garde cette suprématie mondiale qu'on peut appeler régalienne ! Non ?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.