Quand la Chine facturera

Par François Lenglet, rédacteur en chef à La Tribune.

Toutes les crises mènent à Pékin. Celle de Corée, où seule la Chine est capable de calmer Kim Jong-il, le belliqueux personnage qui règne sur le nord de la péninsule et menace d'enflammer toute l'Asie orientale. Celle de l'euro, où intervient désormais le "G2", associant Chinois et Américains, pour soutenir la monnaie européenne défaillante. Celle des finances publiques occidentales, tempérée par les achats chinois d'obligations américaines, qui sont la clé de voûte d'un système financier international menaçant ruine.

Dès lors qu'on cherche de l'argent sur la Terre, il n'y a plus qu'une seule adresse, à deux pas de la place Tiananmen : Zhongnanhai, le "lac central et du sud", résidence pékinoise où vivent les dirigeants chinois assis sur leur tas d'or - 2.500 milliards de dollars de réserves. Seule la Chine a du crédit, tous les autres vivent à crédit.

Insensiblement, l'empire du Milieu s'est installé au centre du jeu mondial. Après trente ans de réformes et de croissance forcenée, la voici désormais grande puissance. Et elle a vaincu sans même avoir feraillé, à la façon de Sun Zi : toute bataille est gagnée ou perdue avant d'avoir été livrée, a dit le stratège, qui recommandait de sidérer son adversaire plutôt que de l'affronter.

Maître dans l'art de la guerre, la Chine possède désormais le nerf de la guerre, l'argent. Les naïfs seront rassurés par les innombrables liens croisés qui ceinturent le monstre chinois au reste du monde, et lui interdisent la dérive politique ou, qui sait, militaire. Les autres, tels Robert Kagan, observeront que le pouvoir change les peuples tout comme il change les individus, et pas toujours en bien. Nul doute qu'un jour, la Chine ne nous présente sa facture.

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Commentaire 1
à écrit le 26/05/2010 à 20:17
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En plus du nerf de la guerre, la Chine a déjà une organisation dictatoriale, donc militaire, et un peuple pour qui "le sang et les larmes" est le banal quotidien et qui a déjà réussi à abattre nombre de nos usines, à affaiblir notre économie; tandis...

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