CDC : une mue au pas de charge

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

De tout temps, l'Etat et la Caisse des dépôts ont entretenu des relations incestueuses. Mais rarement, les deux partenaires auront redéfini leurs relations de façon aussi radicale. La Caisse aura clarifié ses liens avec Bercy, changé de visage et, partiellement, élargi son champ d'activité. Clarifié ses liens avec Bercy, puisqu'elle reversera désormais à l'Etat la moitié de ses profits (au lieu du tiers), en échange d'un abandon de toutes ponctions "sauvages". Changé de visage, puisqu'en quelques années la CDC sera passée du statut d'actionnaire des Caisses d'épargne à celui de La Poste, donc indirectement de La Banque Postale.

Le troc n'est pas sans risque, tant l'activité de La Poste est affectée par l'effondrement de sa branche courrier. Mais il n'est pas sans avantage, puisqu'il devrait permettre à la Caisse de passer d'une situation bloquée - ses relations avec l'Ecureuil -, à plus de fluidité, avec la rationalisation attendue de ses participations dans les activités financières (CNP Assurances, Dexia, Oséo...).

Enfin, la Caisse des dépôts aura élargi son champ d'activité, puisque à celui de bailleur de fonds traditionnel du logement social, ce qu'elle reste à travers le livret A, elle ajoute désormais celui de premier financeur en fonds propres des entreprises. Une prouesse qu'elle doit, pour beaucoup, à la création conjointe "Etat-Caisse" du Fonds stratégique d'investissement (FSI). La mue est d'autant plus impressionnante qu'elle a été conduite par deux hommes, Augustin de Romanet, le directeur général de la CDC, et Nicolas Sarkozy, que tout semblait opposer.

 

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