DSK sera-t-il l'Arlésienne ou Zorro ?

Chaque semaine, Hélène Fontanaud propose son regard sur la politique française. Un point de vue décalé pour prendre la mesure des stratégies, des idées et des jeux de pouvoir avant l'élection présidentielle. Aujourd'hui : DSK structure malgré lui ses opposants.
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C'est la dernière rumeur au Parti socialiste. Fin mai, le patron du Fonds monétaire international dira ce qui lui plaît. Plus précisément, le 28 du joli mois. Dominique Strauss-Kahn déclarerait alors qu'il n'est pas candidat à un deuxième mandat à Washington. L'information, ou l'intox, a fuité la semaine dernière sur le blog d'un élu socialiste lyonnais, Romain Blachier, qui précise avoir reçu aussitôt un démenti "d'un important secrétaire national du PS, proche de DSK".

Le 28 mai est d'ores et déjà la date retenue par le Parti socialiste pour l'adoption du projet pour 2012, lors d'une grande convention à Paris. Le sommet du G20, auquel participera évidemment le directeur général du FMI, aura eu lieu juste avant, les 26 et 27 mai à Deauville. Rappelons que les fonctions américaines de DSK lui interdisent toute déclaration sur la politique intérieure française. Et qu'une démission suivrait immédiatement toute incursion sur le terrain hexagonal.

Le bruit printanier qui court dans les couloirs de la rue de Solferino n'arrive pas en tout cas à parasiter une tonalité de plus en plus perturbante pour les amis de Dominique Strauss-Kahn. Soumis à une pression médiatique sans précédent, ils doivent désormais gérer l'amorce d'un dévissage dans les sondages de celui qui fait encore figure de champion pour l'élection présidentielle de 2012. Sept points de moins dans le baromètre TNS-Sofres pour le Figaro Magazine. Rien de dramatique mais tout de même une petite lumière rouge sur le tableau de bord. Il faut reconnaître que le mois de janvier a été riche en turbulences pour DSK. Comme un avant-goût de ce qui l'attend à son éventuel atterrissage en France.

Nicolas Sarkozy, président sortant déjà en campagne, a posé les premières mines sur le tarmac. Tout d'abord en impliquant au maximum le patron du FMI dans la présidence française du G20. En laissant aussi entendre que si Dominique Strauss-Kahn laissait échapper un deuxième mandat à Washington, il priverait pour longtemps l'Europe d'une position de force dans les institutions internationales.

Le chef de l'Etat joue sur un autre registre en soulignant que le retour en France de DSK s'accompagnerait inévitablement d'un désenchantement de l'opinion publique. Celle-ci, veut-il croire, prendrait sans nul doute conscience que le futur candidat de la gauche n'a rien à envier au président sortant en ce qui concerne le goût du luxe et la fréquentation des milieux d'argent. Sans parler des rumeurs récurrentes sur la vie privée du patron du FMI.

A gauche, le patron du FMI est devenu en quelques semaines la cible préférée. C'est Jean-Luc Mélenchon qui décoche les flèches les plus acérées. Le probable candidat du Front de gauche fustige un affameur des peuples soumis aux plans d'austérité concoctés par les experts de Washington. Pour le sénateur de l'Essonne et député européen, DSK "incarne tout ce qui a conduit la gauche à sa perte". Jean-Luc Mélenchon s'est attiré vendredi une réplique cinglante de Laurent Fabius, avec qui il avait pourtant mené campagne pour le non au référendum sur la Constitution européenne de 2005. Pour l'ancien Premier ministre, qui soutient la candidature de Dominique Strauss-Kahn ou de Martine Aubry, le leader du Parti de gauche "tape trop durement et de façon souvent injuste sur les socialistes et sur DSK". "Cela me paraît une stratégie un peu courte. Le choix sera binaire : est-ce que je soutiens la candidature de gauche ou est-ce que je soutiens la candidature de monsieur Sarkozy ?", a ajouté Laurent Fabius.

Les partisans du directeur général du FMI se contentent pour l'instant de rassurer les plus inquiets, notamment à l'Assemblée nationale, où les députés socialistes oscillent entre espoir et agacement impatient. Sans pouvoir toutefois donner une quelconque assurance sur un retour effectif de l'ancien ministre de Lionel Jospin.

Pendant ce temps, les rivaux de Dominique Strauss-Kahn au PS font feu de tout bois pour rattraper leur retard en popularité ou en notoriété. La progression la plus remarquable est celle de l'ancien patron du PS, François Hollande, qui dispute notamment au patron du FMI les brevets de compétence économique. Ségolène Royal est pour l'instant distancée mais prépare de multiples offensives. Arnaud Montebourg a lancé un appel aux volontaires sur Internet, en s'inspirant de la e-Campaign de Barack Obama. Martine Aubry, liée à DSK par un pacte de non-agression jamais confirmé, intensifie sa préparation. Au passage, elle bénéficie de l'indulgence de Jean-Luc Mélenchon... La bataille des primaires a bel et bien commencé.

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