Mourir pour un déficit

Par Eric Chol, rédacteur en chef à La Tribune.
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"Nous sommes tous en train de mourir , clamait la banderole d'un manifestant, mercredi, à Athènes, lors de la grève générale contre la politique d'austérité du gouvernement. Et si les pays malades de l'Europe arrêtaient d'honorer leurs obligations ? Si les victimes de la crise de la dette souveraine, secourues par le trio de choc FMI-Commission européenne-Banque centrale européenne, faisaient un bras d'honneur à leurs créanciers, optant pour la popularité plutôt que l'austérité ?

Si, à Dublin, le futur gouvernement irlandais issu du Fine Gael, qui devrait, si l'on en croit les sondages, sortir des urnes ce vendredi, révisait de fond en comble le plan de sauvetage accordé à l'ancien Tigre celtique ? Que resterait-il alors de la crédibilité des institutions de Bruxelles, Francfort ou Washington ? Comment réagiraient les contribuables européens, à commencer par l'électeur allemand, quand, faute de remboursements, il faudrait revoir à la hausse la facture des pots cassés de la crise ?

Certes, comme l'a répété Dominique Strauss-Kahn, le FMI n'est pas dénué de sensibilité sociale. Pas plus que la Commission européenne ou la BCE, tout aussi capables de prendre en compte la bronca des malades de l'Europe. Mais quand il faut réduire les salaires dans la fonction publique, augmenter les impôts ou relever l'âge de la retraite, la touche sociale finit vite par s'évanouir. Elle laisse alors la place aux mécontentements et à la montée du populisme. "J'aime mieux un vice commode qu'une vertu fatigante", écrivait Molière en 1668. Un peu plus de trois siècles plus tard, rien n'a changé. Sauf peut-être les malades, qui, eux, n'ont rien d'imaginaire.

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