L'empire Goldman vacille

Par Jérôme Marin, correspondant de La Tribune à New York.
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Quand on est habitué à être le premier de la classe, le moindre faux pas fait toujours jaser. Une mésaventure que connaît aujourd'hui Goldman Sachs, la plus prestigieuse de toutes les banques américaines. La plus puissante aussi. Dans le dernier baromètre trimestriel de Reuters sur les principales banques-conseils aux États-Unis, elle ne pointe en effet qu'en dixième position. Du jamais-vu depuis la création de ce classement en 1990 !

Le montant total des fusions et acquisitions dans lesquelles elle est impliquée ne s'élève qu'à 71 milliards de dollars sur les trois premiers mois de l'année. Loin derrière les 170 milliards de JP Morgan. Goldman est aussi dépassée par des acteurs de taille bien plus modeste comme Evercore, Rothschild et Lazard. Le symbole de cette chute ? Son absence dans la liste des conseillers engagés pour mener à bien le rachat de T-Mobile par ATT. Une opération à 39 milliards de dollars... qui consacre la domination actuelle de JP Morgan. Un événement qui n'est pas passé inaperçu à Wall Street.

Certes, Goldman Sachs a joué de malchance dans ce dossier, en ayant choisi le mauvais poulain : elle conseille Sprint Nextel, le troisième opérateur mobile américain qui étudiait aussi un rapprochement avec T-Mobile. Et qui est aujourd'hui le premier détracteur d'une alliance entre deux de ses rivaux. Les maux sont cependant bien plus profonds. "Ils ne sont plus le choix par défaut à cause de tous les remous suscités par la crise financière", explique à Reuters un ancien cadre de la banque. Car la réputation de la firme a pris un sacré coup depuis, notamment, qu'elle a accepté de payer 550 millions de dollars pour solder les poursuites dans l'affaire Abacus. Et malgré tous les efforts entrepris, malgré une campagne de publicité - la première depuis son introduction en Bourse en 1999 -, les choses n'ont guère changé.

Parce que, entre-temps, Goldman a été au coeur d'une nouvelle polémique sur son rôle dans le placement privé des actions Facebook. Parce qu'elle s'est encore retrouvée sur le devant de la scène lorsque son PDG Lloyd Blankfein a dû témoigner au procès Galleon. Ou bien parce que, pas plus tard que lundi, le "Wall Street Journal" consacrait un article à sa décision de laisser tomber l'opérateur Clearwire pour conseiller Sprint... l'un de ses potentiels acquéreurs.

Est-ce cette image ternie qui avait conduit Goldman Sachs à casser les prix pour tenter de participer au retour en Bourse de General Motors ? C'est cette réputation en tout cas qui l'a tenue à l'écart de cette opération diligentée par le Trésor américain. Elle aussi qui l'a mise hors course pour la vente des titres AIG détenus par l'État. Mais comme tous les premiers de la classe, Goldman Sachs ne doit pas être enterrée trop vite. D'abord parce qu'elle reste la meilleure en termes de commissions perçues. Et surtout parce que plusieurs des sociétés qu'elle conseille pourraient bientôt manger ou être mangées. "Goldman étant Goldman, je suis convaincu qu'ils trouveront le moyen de redresser la barre", ajoute Teck-Tjuan Yap, du cabinet Freeman Consulting Services.

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