Contagion : gare aux mauvais procès

Par Valérie Segond, journaliste à La Tribune.
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N'en déplaise au président de la BCE Jean-Claude Trichet, l'hypothèse d'un défaut de la Grèce fait son chemin. Quand les marchés s'affolent, que les taux se tendent sur les dettes de tous les États de la zone euro et que les actions des banques et assurances plongent, c'est que la contagion tant redoutée a bel et bien démarré. Comment l'arrêter pour qu'elle ne fasse, tôt ou tard, exploser l'euro ? En blacklistant les "méchants spéculateurs", comme le recommande ici l'ancien analyste Edouard Tétreau ? En cassant le thermomètre qui joue le rôle de prophète de malheur, comme le propose le commissaire européen Michel Barnier qui veut interdire aux agences de notation d'évaluer la dette des pays aidés ?

Ces propositions fleurent surtout l'incantation, et méconnaissent les mécanismes de contagion. Si la gravité des problèmes d'endettement diffère selon les pays, les déficits publics dus à des dépenses non maîtrisées, joints à des déficits extérieurs abyssaux d'économies désindustrialisées, en clair les fameux "déficits jumeaux", existent dans presque toute la zone monétaire. Des problèmes qui deviendront plus aigus encore si les taux, encore très bas dans les pays du coeur de la zone, continuent à monter. Loin d'être une manipulation maléfique de diables en chemises rayées, la contagion est inscrite dans l'économie et dans une politique européenne incapable de parler d'une seule voix.

Le feu qui court nous dit qu'il est plus qu'urgent de clarifier une situation confuse, en identifiant les porteurs de titres grecs et en évaluant précisément leurs pertes sans se voiler la face - 50 milliards d'euros pour les prêteurs privés, nous dit la Commerzbank -, sans tricher avec les mots, ni repousser sans cesse la prise de conscience collective. Chacun sait que, des créanciers privés aux contribuables, tout le monde en Europe va devoir payer pour les Grecs. Alors, cessons de tergiverser, car c'est cela qui aujourd'hui nourrit la contagion, et demain rendra l'addition beaucoup plus salée. 

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