Valls, Baylet, Royal, Montebourg et maintenant... Moody's. Comme si la primaire socialiste ne devait jamais s'arrêter. En décidant de mettre le AAA de la France sous surveillance, l'agence de notation américaine s'est brutalement invitée dans la campagne électorale. Et pas forcément dans le camp qu'elle aurait choisi. François Hollande vient en effet de recevoir un soutien inattendu en ce que cette annonce peut légitimement être considérée comme un désaveu des (non-)choix économiques du président de la République. Et une validation d'un des fondements du programme de l'élu corrézien, qui lui a valu les critiques que l'on sait, pour un retour rapide à l'équilibre des finances publiques.
Sauf que. Sauf que dans le combat politique, il est des munitions qui peuvent avoir des effets retours meurtriers. En l'occurrence, il y aurait quelque chose de piquant à voir la gauche s'en référer à Moody's, elle qui n'a eu de cesse de s'en prendre au pouvoir exorbitant des agences de notation. C'est d'ailleurs ce que devaient se dire le ban et l'arrière-ban de l'UMP réunis en convention hier soir pour clore enfin la séquence cauchemardesque des primaires en dénonçant le coût d'un projet socialiste qui ne peut que faire perdre sa note à la France. Là encore, l'argument va vite trouver ses limites. Car à trop brandir cette menace, la majorité sera inévitablement accusée de dramatiser la situation, pire, d'accélérer la dégradation puisque celle-ci reste en partie fondée sur des anticipations. Et si la gauche apparaît favorite...
Mais ne vous rassurez pas trop vite. Tout cela n'empêchera aucun des deux camps de s'envoyer le AAA à la figure. La bataille politique reste ce qu'elle est. Ces jours-ci en grande partie réduite à la question de savoir si la France va ou non conserver sa note, elle montre l'état de désarroi et d'impuissance dans lequel se trouvent les gouvernants. Ce n'est pas cette dégradation que visait Moody's, mais c'est bien celle-là la plus attristante.
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