N'enterrez pas aussi la croissance !

Par Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune
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Il ne faut pas se tromper de combat. L'Europe ne joue pas son avenir sur sa seule capacité à résoudre la crise de la dette souveraine, mais tout autant sur sa capacité à retrouver une croissance forte et durable. Le plan de sauvetage négocié hier à Bruxelles, au cours de ce qui restera l'une des plus longues nuits jamais vécue par l'Europe, tient le monde entier en haleine. Du succès, ou de l'échec, de l'opération ne dépend pas que le sort de la Grèce, de l'Italie ou même de l'Euro. Toutes les capitales ont les yeux rivés sur Bruxelles, car ce qui s'y joue, c'est la croissance de tous. Partons du postulat qu'un accord sera trouvé, parce qu'un échec est inimaginable. Ce plan, que les banquiers appellent opération Firewall, va placer un pare-feu entre les dettes des États et les marchés. Le Fonds européen de stabilité financière démultiplié doit permettre aux pays en difficultés de retrouver la confiance de leurs prêteurs et de détendre ainsi, lentement mais sûrement, les taux d'intérêt exigés. Cette étape, associée à un défaut partiel de la Grèce, est indispensable pour retrouver le chemin de la croissance. Mais gagner cette bataille ne suffira pas pour gagner la guerre. En contrepartie de cette protection, les pays européens vont se voir imposer, pour plusieurs années, par Bruxelles, une austérité rigoureuse qui aura par nature un effet récessif puissant. La Grèce et le Portugal ont bien payé pour le savoir. Pour être crédible, le plan européen doit donc inclure un paquet croissance. Les yeux se tournent déjà vers le nouveau président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, pour qu'il soit moins allemand qu'italien dans son approche de la politique monétaire. Comme les États-Unis, où l'activité est déjà en train de repartir sous l'aiguillon de la Fed, la BCE, qui échappe de peu au rôle de pompier que voulait lui faire jouer la France en proposant qu'elle rachète elle-même les dettes souveraines, doit diminuer ses taux et faire ainsi baisser la valeur de l'euro qui, ce n'est pas le moindre des paradoxes de cette drôle de crise, caracole à plus de 1,40 face au dollar. Preuve peut-être que les marchés s'inquiètent autant, sinon plus, de l'immense dette américaine, nettement plus lourde que celle de l'Union européenne.

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Commentaire 1
à écrit le 31/10/2011 à 14:31
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Ne parlons plus de croissance quand l'évolution du PIB (+0,3%) est inférieure à l'inflation (+3%), mais de récession ! Nous y sommes en plein. "Relancer une croissance" quand un pays s'effondre sous ses dettes est tout simplement impossible. Il faut ...

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