L'algorithme est prédictif de la continuité du passé

Un algorithme - les puristes me corrigeront - est une suite d'opérations qui résout un problème. Aujourd'hui, par l'informatique et sa puissance grandissante, cette règle d'algèbre s'est étendue à une suite d'opérations finies pour des problèmes semblables. Un algorithme va du plus simple au plus complexe. Il donne le profil des clients d'un magasin à partir de leurs achats collectés par ordinateur, comme il peut comprendre le vol des étourneaux à partir de l'observation de leurs mouvements.

Du moins, on le suppose pour les magnifiques et spectaculaires vols des étourneaux. Le mot est entré dans le langage public depuis l'affaire Volkswagen-Bosch.

La puissance de l'informatique influe sur la complexité des algorithmes, sur la rapidité et les réponses données.

Chacun conviendra que l'application de GPS Waze nous surprend en nous donnant quasi systématiquement l'option la plus roulante en cas d'embouteillages.

Et j'attends le moment où la même application proposera de nous conduire en prenant le contrôle de la voiture : puisqu'une voix nous dit où aller, pourquoi n'y va-t-elle pas elle-même sans passer par moi ? Ce n'est qu'une question d'algorithme. D'autant que Waze connaît ma manière de conduire, mes destinations favorites et mes arrêts imprévus. Waze connaît mon passé, mes habitudes, et peut donc prévoir globalement où je vais.

Les trois limites de l'algorithme

1 : les opérations sont données par l'homme.

2 : en fonction de problèmes définis par l'homme.

3 : sur des bases existantes.

L'algorithme prédit la continuité du passé. Sans plus. Au fond, chaque individu représente une pyramide d'informations. À la base sont les informations les plus courantes, au sommet les plus rares. Les algorithmes ont tendance à monter vers le sommet de cette pyramide, vers les informations les plus rares et les plus inattendues. Plus l'homme est répétitif, plus l'algorithme est prédictif : son passé, c'est son présent. Plus l'homme est inattendu, moins l'algorithme peut être prédictif. C'est la part de liberté de l'homme, sa part de poésie. Se libérer des algorithmes, c'est aussi abandonner pour quelque temps tous les objets connectés, les donneurs d'information.

On se sent nu sans son portable ?

Sur le plan algorithmique comme sur le plan psychologique, c'est aussi cultiver son jardin secret, son émotion, son intuition, sa créativité. L'algorithme prévoit, l'homme imagine, crée, invente. Imaginons le monde de 2030 et ne posons plus de rail.

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013

À découvrir aussi sa contribution à l'ouvrage collectif Rupture, vous avez dit disrupture ? Le futur est déjà derrière nous, Éditions Kawa, 2015.

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