Sous l'algorithme, le doute explose

L'affaire Volkswagen est un tsunami. Un tsunami à vagues successives de plus en plus fortes.

Je voudrais insister sur l'une de ces vagues. C'est une ONG américaine qui découvre la tricherie alors qu'elle était par hypothèse favorable au diesel. Cette ONG, c'est ICCT, International Council on Clean Transportation.

Sa mission, selon son site, est « d'améliorer la performance écologique et l'efficacité énergétique des transports par route, air et mer afin d'en faire bénéficier la santé publique et d'atténuer les changements climatiques ».

Ses doutes ont émergé en 2013

En 2014, ils alertent des organismes d'État, l'agence de protection et d'environnement EPA, et California Air Ressources Board. Sous la menace de retirer leur certification aux modèles diesel 2016, Volkswagen a reconnu la fraude... en septembre 2015.

La faute en incombe à un ordinateur qui détecte si le véhicule est en test antipollution ou en route normale. S'il est en test, le volant ne tourne pas, le capot est ouvert, etc. Dans les heures et les jours qui ont suivi, les langues se sont déliées : le dispositif... le calculateur... le logiciel... l'algorithme... tout y est passé.

Algorithme, le mot est lâché

Qui dit algorithme dit big data. Or, depuis 2010, ces deux mots sont associés au développement positif de notre société.

En décembre 2012, le portail Data.gouv.fr a été mis en ligne, signal que la France n'était pas en retard. Ce sont des milliers d'emplois de data scientists qu'il faut former. Les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) sont les champions du traitement des mégadonnées.

Le français Criteo contribue à développer par ce moyen une économie nouvelle, prédictive. Derrière toutes ces données, il y a des algorithmes. Ces algorithmes savent presque tout sur chacun par des courriels, des tweets, des SMS, des conversations sur FaceBook, la géolocalisation, les paiements, donc tout ce qui est numérisable, y compris la voix, les photos, les films.

Que la perte de confiance concerne au premier chef l'industrie automobile est une évidence. Mais c'est l'industrie des données qui dans son ensemble se retrouve sur la sellette. L'authenticité des chiffres annoncés par algorithme est mise en doute. La publicité sur Internet et l'e-commerce ne rassurent plus. Les questions sans réponse d'hier sont les exigences aujourd'hui. Qu'une marque aussi réputée que Volkswagen ait triché sur un algorithme, remet en cause cette nouvelle industrie du big data.

Le doute sur l'algorithme est un tsunami.

Le contrôle est attendu pour rétablir la confiance. Contrôle. Contrôle. Contrôle.

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013

À découvrir aussi sa contribution à l'ouvrage collectif Rupture, vous avez dit disrupture ? Le futur est déjà derrière nous, Éditions Kawa, 2015.

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Commentaire 1
à écrit le 13/10/2015 à 8:58
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Propriétaires de véhicules truqués du groupe Volkswagen, indignez vous. http://www.class-action-volkswagen.eu/ Nous sommes déjà plus de 3400.

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