Aix : Anne, je ne vois rien venir !

Ce week-end se déroulaient à Aix, les traditionnelles Rencontres économiques d'Aix, un petit Davos en Provence, une réunion de grands patrons et économistes. Erik Izraelewicz, vous y étiez. Vous en êtes revenus...pas très optimiste !

Oui, il y avait là du beau monde - des gros portefeuilles et des grosses têtes, les patrons de Danone, Orange, Gdf Suez, Scor et d'autres. Il y avait aussi Jean Claude Trichet, Pascal Lamy, des conseillers d'Obama et quelques Nobel d'économie. Bref, que du beau monde, des professionnels qui ont les mains dans le cambouis mais qui, l'espace d'un week-end, pouvaient parler sans contrainte, sans trop de langue de bois. Et bien, ce beau monde-là n'est pas très optimiste, c'est vrai. Il ne croit pas à une sortie de crise rapide. 2010 sera encore une mauvaise année : c'était le sentiment dominant de ces Rencontres.

Quand même, les plans de relance vont finir par avoir des effets, non ?

Bonne question, l'un des trois qui alimentaient l'inquiétude de tout ce petit monde. La question, elle porte désormais sur l'efficacité des politiques économiques traditionnelles. Est-ce qu'elles marchent encore ? Depuis le début de la crise, les Etats et les banques centrales ont tout fait pour relancer l'activité.  5000 milliards de dollars ont été injectés dans la machine par les premiers, les seconds ont rendu l'argent quasiment gratuit. Eh bien, malgré cela, la machine ne repart pas. Ca doit mettre du temps, dit-on. Ok. Mais combien de temps. Il y a désormais un vrai doute

Un espoir : les pays émergents, la Chine, sont en train de repartir. Ca va tirer le reste du monde ?

C'est le second doute. Il est nouveau, il est terrible. Alors, d'abord, c'est vrai, une bonne nouvelle, tout le monde le reconnaît : la Chine redémarre, l'Inde et le Brésil aussi - c'est même spectaculaire. Mais ces pays ont, à l'occasion de cette crise, amorcé un changement dans leur modèle de croissance. Ils n'ont plus besoin des vieux pays industriels pour croître. On disait que quand la Chine repartira, elle achètera des machines outils à l'Allemagne...que grâce à cela, l'Allemagne achètera à la France du champagne, des voitures et des parfums.

Et bien, apparemment, ce cercle vertueux est cassé. Les pays émergents ont recentré leur dynamique. Ils travaillent de plus en plus pour eux et entre eux. Les émergents, locomotives de la reprise chez nous, plus personne n'y croit vraiment !

Les milieux financiers sont pessimistes, eux aussi ?

Là, vous mettez le doigt sur la troisième source d'inquiétude exprimée à Aix, la plus pressante aussi : le retour des mauvaises habitudes dans le monde de la finance. Des bonus fous, des marchés déréglementés, une spéculation qui reprend de plus belle : tout cela, ça recommence déjà. Le monde financier, aux Etats-Unis en particulier, se comporte comme si rien ne s'était passé. C'est le retour, avec une vitesse stupéfiante, au « business as usual », aux affaires comme avant. A ces comportements qui sont à l'origine de la crise. Ca, c'est le plus inquiétant. Si la finance n'a pas compris qu'il va falloir qu'elles changent ses habitudes, c'est sûr qu'on est reparti pour un tour, qu'on n'aura pas le temps de sortir de la crise qu'on en prendra déjà une autre, plus violente encore...

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