G 20…sur 20

Question : Applaudissements quasi-unanimes, ce matin dans la presse économique internationale, après le G 20 de Londres. Vous-mêmes, Erik Izraelewicz, ne cachez pas votre enthousiasme. 20 sur 20 au G 20, écrivez-vous dans « La Tribune » ?

Oui, Obama, Brown, Sarkozy, tout le monde l'a dit, l'accord d'hier est historique, inédit. Du jamais-vu. C'est un vrai tournant, un point d'inflexion dans la crise, dans l'évolution du capitalisme mondial même. Pourquoi ?

C'est d'abord une réponse globale à une crise qui est globale. Globale parce qu'elle implique tous les pays du globe - les riches et les pauvres, l'Ouest et l'Est, les libéraux anglo-saxons et les communistes chinois. Qui aurait imaginé, il y a encore un an, une telle unanimité, mondiale !

Globale aussi parce que sur les deux thèmes à l'ordre du jour, la relance et la régulation, cette réponse est très complète. Elle s'attaque vraiment aux dérives du système : les fonds spéculatifs, les bonus des traders ou les paradis fiscaux....

Tout cela va être désormais régulé, réglementé, contrôlé au niveau international ?

Oui, second aspect de ce tournant décisif. Depuis trente ans, depuis Thatcher et Reagan pour faire simple, le mot d'ordre, dans le monde financier, c'était la dérégulation. Il fallait supprimer les règles, alléger les contraintes, laisser les acteurs s'organiser comme bon leur semble.

Eh bien, l'accord d'hier met fin à ce mouvement. Il l'inverse même. La nécessité de réguler la finance est reconnue, par tous ; celle de renforcer les institutions internationales comme le FMI, aussi. C'est vraiment un U-turn, un virage à 180 degrés.

Le processus est engagé, clairement, avec des décisions très concrètes. C'est une révolution. Et ce n'est pas du pipeau. D'ores et déjà, Medvedev, de retour à Moscou hier soir, a prévenu ses oligarques : finies les folles rémunérations, déconnectées de toute performance !

Visiblement, vous êtes emporté par votre enthousiasme, Erik ?

Ok. Alors, quelques bémols quand même.

Un. Les Vingt ont signé. Il n'est pas sûr qu'ils vont tous se précipiter pour mettre en œuvre rapidement les décisions arrêtées. Il y aura, dans six mois, à New York, un nouveau G 20 pour vérifier que tout le monde suit.

Deux, on sait que le diable est dans les détails.  Les règles sont arrêtées, il va falloir maintenant les écrire dans chaque langue. Les traductions ne vont pas toujours être faciles !

Alors, la fin de la crise, c'est pour bientôt ?

Patience ! Ce G 20, ce n'est pas un coup de baguette magique. Ce n'est pas, néanmoins, non plus un coup d'épée dans l'eau.

Disons que l'accord d'hier est décisif. Il va aider le monde à s'en sortir. Il est susceptible incontestablement de recréer, dans le monde, un climat de confiance. 20 sur 20 pour ce G 20, c'était peut-être un peu rapide, un peu généreux. On va suivre maintenant avec intérêt le comportement des uns et des autres, la réaction des acteurs de la finance, surtout. Hier, les bourses exultaient. Prudence quand même. On sait maintenant leurs folies. Attendons donc un peu pour voir.

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