Il faut sauver le crédit revolving

Pas question d'interdire le crédit revolving. Christine Lagarde l'a dit hier. La ministre ne veut pas remettre en cause ce crédit permanent proposé par les banques à des taux très élevés. Pour lutter contre le surendettement, il suffirait, dit elle, de mieux l'encadrer...

Oui, alors d'abord, ce débat sur le crédit revolving, c'est l'occasion de rappeler l'une des formes de l'exception française : globalement, les Français sont, à titre personnel, peu endettés, moins endettés que les Américains, les Britanniques ou les Russes par exemple. C'est de tradition : les Français sont de gros épargnants et de petits emprunteurs. C'est aussi le fruit d'un système : le crédit a toujours été en France très surveillé ; les banques ont toujours été sinon timorées, en tout cas très prudentes.

Alors, si les Français sont peu endettés, c'est une chance ! Il faut tout faire pour éviter qu'ils ne tombent dans les travers américains ou britanniques. C'est le surendettement des ménages qui est à l'origine de la crise américaine. C'est ce même surendettement qui plonge la Grande Bretagne dans la récession. Il faut savoir qu'aujourd'hui, à New York, 10% des prêts accordés sur des cartes de crédit ne peuvent être remboursés, qu'il y a à Londres une faillite personnelle toutes les 4 secondes...

Justement, le crédit revolving, c'est, selon certains, un facteur de surendettement ?

Alors, c'est vrai, les familles qui se trouvent plongées, en France, dans une situation de surendettement, elles y sont presque toujours précipitées par un crédit revolving. Dans les dossiers de surendettement qui arrivent à la Banque de France, on trouve, dans 80% des cas, un tel crédit. Faut-il pour autant l'interdire ? Ce serait la facilité, dit Christine Lagarde, ce serait mettre en cause des milliers d'emplois dans la mesure où le crédit revolving est par exemple très utilisé dans la vente par correspondance. 40% des achats à la redoute et aux Trois suisses se font avec un tel crédit. La ministre propose donc plutôt de mieux l'encadrer...

D'exiger des distributeurs de crédit une plus grande vigilance, par exemple ?

Oui, il y a plein de choses à faire pour responsabiliser les acteurs - les banques, les grands de la distribution, les familles aussi. Ce crédit ne doit pas être accordé, automatiquement, sur le lieu de vente même. Il ne doit pas être associé à une carte de fidélité. La pub doit être moins agressive, plus informative, aussi. Le distributeur doit s'informer sur ses clients, sur leur capacité à rembourser. Tout cela, effectivement, la loi peut l'imposer. Encore faut il qu'elle aussi soit explicite, qu'elle mette les points sur les « i ». Interdire le crédit revolving, ça n'empêcherait pas les situations de surendettement, ce serait en revanche supprimer un instrument utile pour de nombreuses familles.

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