Les bijoux de famille pour combler la dette

Pour réduire sa dette, le gouvernement britannique a décidé de mettre aux enchères une partie des bijoux de la couronne - la ligne TGV du pays, celle qui relie Londres au tunnel, le PMU local, d'autres actifs encore. La France devra-t-elle suivre...

Effectivement. Compte tenu de la dégradation de nos finances publiques, on peut se poser la question : l'Etat français n'aurait-il pas, lui aussi, intérêt, pour réduire sa dette, à vendre certains de ses actifs. A mettre aux enchères, comme vont le faire les Britanniques, des lignes de TGV, les titres qu'il possède dans Edf ou France Télécom, voire, pourquoi pas, le Musée du Louvre ou celui de Beaubourg !

Par avance, Christine Lagarde a répondu : pas question de brader les actifs de la France. A cela, trois raisons.

Un. La dette de l'Etat français explose. C'est vrai. Mais pour l'instant, l'Etat n'a aucune difficulté pour la financer.

Deux. Vendre des actifs aujourd'hui, ce n'est peut-être pas le meilleur moment. Autant attendre que les prix remontent.

Trois. Comme le dit Christine Lagarde, la France n'est pas dans une situation aussi dramatique que la Grande Bretagne...

En Angleterre, la récession est plus profonde encore que chez nous ?

Oui. L'économie britannique a littéralement plongé. Il faut dire qu'elle dépendait beaucoup de la finance, de l'immobilier aussi et que ces deux secteurs sont au centre de la crise actuelle. Signe de cette dégradation, le plongeon de la devise britannique, la livre sterling, au plus bas depuis plusieurs années. Conséquence en tout cas de cette récession, le déficit public y est beaucoup plus lourd que chez nous - moins 12% de la production là où nous sommes à moins 8%

Alors, face à cette crise, les dirigeants britanniques font preuve, « as usual », d'un incroyable pragmatisme. Ils ont beau être « anglo-saxon », ultra-libéraux donc, ils ont nationalisé des banques au plus fort de la crise. Aujourd'hui, ils s'attaquent aux déficits publics, à la dette avec une détermination qui surprend. Le gouvernement a décidé d'augmenter les impôts, de couper dans les dépenses publiques, d'engager enfin une série de privatisations. Tout ça, c'est un gouvernement socialiste qui le fait !

La France ne sera-t-elle pas quand même obligée d'y venir, elle aussi ?

Voir. Pour l'instant, en tout cas, la France fait plutôt le contraire de la Grande Bretagne.

Londres vend ses actifs « non stratégiques », Paris continue, avec le FSI, à acheter des actifs dits « stratégiques ». La Grande Bretagne cherche à réduire son endettement ; avec le grand emprunt, la France promet d'augmenter encore le sien.

Cela étant, ce que nous rappelle la mise en vente par Londres de sa ligne grande vitesse, c'est que si un Etat a un passif - une dette, il aussi un actif, des biens - ce sont des terrains, des immeubles, des entreprises, des licences, d'autres choses encore. Que demain, si vraiment ça devait mal tourner, il sera toujours temps, pour l'Etat français, de vendre lui aussi, sinon les bijoux de la couronne - la reine, ça fait longtemps qu'on en n'a plus, de vendre donc nos bijoux de famille - ces jours-ci, Nicolas Sarkozy nous le rappelle, la famille, elle existe toujours !

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