Après Lehman, Washington Mutual ?

La liste des établissements financiers en difficulté risque de s'allonger au cours des prochaines semaines.

5,7 milliards de dollars : c'est le montant des bonus payés par Lehman Brothers en 2007 et d'aucuns se demandent si les créanciers de l'entreprise n'essaieront pas de les récupérer. Alors que Lehman Brothers s'est placé sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, que Merrill Lynch est récupérée par Bank of America et que AIG cherche une solution, Washington Mutual présente un cas intéressant. Il y a quelques années, Washington Mutual faisait partie des Saving and Loans, c'est-à-dire des établissements mi-banques, mi-caisses d'épargne dont l'objet était de transformer des dépôts en prêt hypothécaires ou en crédits industriels et commerciaux. Le tout en faisant attention au "caractère" de l'emprunteur. Peu à peu, la banque s'est lancée dans des acquisitions plus ou moins audacieuses, plus ou moins judicieuses. Elle s'est adonnée aussi aux joies de la distribution de crédit "subprime" et aux joies de la distribution de crédit à taux révisable optionnel : si l'emprunteur ne peut pas régler sa facture mensuelle (intérêt et principal), la somme s'ajoute au principal et la durée du prêt s'allonge.

Les génies qui ont inventé cette recette (elle a été appliquée par une banque mutualiste en France) n'ont pas pensé qu'à un moment l'emprunteur pouvait disparaître. Et s'il disparaît, on se retrouve avec une créance douteuse sur les bras. Wamu, comme elle aussi connue, a usé du procédé. C'est maintenant une banque en état de survie. Au printemps 2008, elle a refusé une fusion avec JP Morgan mais a préféré une augmentation de capital réservée à TPG Inc. L'opération a fortement dilué les parts des actionnaires mais ils n'étaient pas au bout de leur peine.

Aujourd'hui, les pertes continuent à s'accumuler et cela peut poser un problème au FDIC (Federal Deposit Insurance Corp). Cet organisme fédéral assure les dépôts bancaires à hauteur de 100.000 dollars par personne. Cependant, par le truchement des comptes-joints, une famille peut assurer beaucoup plus. Dans le cas de Wamu, la banque indiquait une base de dépôts de plus de 150 milliards de dollars au terme de son deuxième trimestre fiscal, soit la moitié de son total de bilan (314,8 milliards de dollars). Si la banque saute, le fonds du FDIC, de 45,2 milliards de dollars, sera-t-il suffisant pour indemniser les déposants ?

Si la réponse est positive, c'est-à-dire si les actifs de Wamu peuvent être vendus de manière ordonnée, l'impact sur le système bancaire américain peut tout de même être considérable. Le cas de figure le plus pessimiste est celui d'un transfert de dépôts de banques considérées comme faibles vers des établissements dont la réputation est meilleure. De tels transferts pourraient fragiliser encore plus les banques les moins bien gérées et provoquer une véritable crise systémique. Le FDIC aurait du mal à stopper la crise. Il lui faudrait aussi demander au Congrès une allocation exceptionnelle de fonds. On savait que la finance américaine était une bombe à retardement. La mèche ne cesse de diminuer.

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