Depuis un an, Patrice Nordey a ouvert à Shanghai le poste asiatique de l'Atelier BNPParibas. C'est un observateur privilégié du monde des technologies chinoises et les chiffres qu'il a compilés donnent le tournis. « La Chine c'est 253 millions d'internautes en juin 2008, explique-t-il. L'an dernier, plus de 43 millions d'internautes se sont connectés au réseau et on devrait en compter 300 millions à la fin de l'année ». Le citoyen chinois n'accède pas spécialement à l'Internet depuis chez lui. Les cybercafés représentent un point d'accès important (au moins une fois par mois pour les personnes de plus de 13 ans).

Environ 70% des internautes chinois ont moins de 30 ans. C'est une population jeune, urbaine et éduquée qui représente la future classe dirigeante chinoise. Pour l'heure, elle apprécie les jeux en ligne et les forums de discussions. D'une manière générale, l'Internet chinois est très participatif. Pour le commerce électronique, les choix d'achat sont très influencés par les blogs et les commentaires. Les comparateurs de prix commencent à arriver et les sites en tirent les conclusions. Ctrip, le spécialiste du voyage sur Internet, organise les commentaires de ses clients.

Quelques sociétés occidentales ont investi pour profiter du marché. IP-Label, qui réalise des audits de performances des sites web et des intranets privés, a ouvert un bureau depuis un an. « Nous nous intercalons comme un tiers de confiance entre les éditeurs de site web et les prestataires de services opérateurs télécoms, explique Christophe Depeux, directeur pour l'Asie d'IP-Label. Il existe un potentiel considérable car le développement des sites web chinois est réalisé de manière archaïque ». Par ailleurs, il existe deux grands opérateurs en Chine, au Nord et au Sud, et l'interconnexion n'est pas la meilleure au monde.

On attend toujours la grande vague de l'Internet mobile mais elle a pris du retard, le principal frein étant le standard TD-SCDMA que le gouvernement chinois tente d'imposer. Cependant, quelques sociétés proposent des services (magazine, tv sur mobile) qui fonctionnent sur des réseaux 2G.

Si l'Internet mobile se fait attendre, la téléphonie mobile se porte toujours bien. « Aujourd'hui, un chinois sur deux a un téléphone mobile entre les mains », explique Patrice Nordey (600 millions). Les chinois préfèrent acheter d'abord la marque du fabricant puis choisir l'opérateurs. Trois se partagent le marché, New Mobile, New Telecom et New Unicom. Toutefois, aux termes des accords signés avec l'OMC, va ouvrir son secteur télécom à la concurrence. En 2007, 592 milliards de sms ont été envoyés mais les pourriels sont nombreux.