Bercy, empire policier

La révélation par le quotidien le Parisien des supposés liens de Michelin et de Total dans ce paradis fiscal qu'est le Lichtenstein a dévoilé une autre information : l'enquête préliminaire ouverte par le Parquet de Paris sur les entités liées à Michelin et Total a été confiée à la Douane Judiciaire, dépendant de la Direction des douanes, elle-même appartenant au ministère de l'économie.

Ce service de 200 douaniers, organisé en cellules polyvalentes, est resté jusqu'à présent inconnu du grand public. Mais les spécialistes des affaires policières le voient monter en puissance depuis quatre ans. C'est à notre connaissance la première grosse affaire, et en plus médiatique et sensible, qui est confié à ce service. En d'autre temps, le parquet de Paris se serait immédiatement tourné vers la Brigade financière de la Préfecture de police.

Pourquoi alors la Douane judiciaire ? Un bon connaisseur de ce service, consulté, affirme que la Douane, de part son histoire, entretien des relations suivie et de bonne qualité avec ses homologues des pays européens, voire mondiaux. Un atout dans un dossier qui va essentiellement se dérouler hors de nos frontières dans les « trous noirs » légaux.

Au-delà de cette raison technique, on ne peut que constater la montée en puissance de Bercy dans les domaines policiers et de renseignement. Non compris la Douane judiciaire, la Direction des douanes dispose de pouvoirs que n'ont pas réussi à obtenir les policiers. Quant à la Direction nationale de recherche et d'enquête douanière (DNRED), le service de renseignement des gabelous, elle appartient au club très fermé des services de renseignements suivis par la commission parlementaire de contrôle des services, qui disposent de fonds secrets et de la possibilité d'ouvrir des écoutes administratives. Bercy dispose également, avec Tracfin, d'un service de renseignement financier. Si l'on ajoute le fisc qui sait tout sur les Français, on constate que Christine Lagarde, et ses successeurs après elles, ont à leur main un véritable petit ministère de l'intérieur.

Au cours d'un déjeuner avec un grand flic, le sujet tombe. Notre convive ricane : « c'était bien la peine de réunir policier et gendarmes sous la direction de Beauvau pour aussitôt voir naître un nouveau service de police et de renseignement ! » Juste. Et il fallait peut être éviter la concentration des pouvoirs entre les mains du successeur de Cambacérès. Surtout en matière économique et financière.

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