Lettre ouverte au Premier ministre : N'oublions pas l'industrie !

Dans cette "lettre ouverte" adressée au Premier ministre Edouard Philippe, Michel Rousseau, le président de la Fondation Concorde, appelle à agir d'urgence pour réconcilier l'industrie et les territoires. La Fondation Concorde et le Medef organisent ce mercredi 12 juillet un colloque intitulé : "Une seule France ! N'oublions pas nos territoires".

Monsieur le Premier ministre

Le redressement de notre pays est une urgence, le succès de ce
quinquennat n'est donc pas une simple option, mais une nécessité
absolue. Ainsi la Fondation Concorde aura vocation à proposer les
mesures qui nous semblent essentielles pour que notre pays retrouve la
croissance nécessaire à l'emploi.

Nous pensons par exemple que les discussions sur la réduction de la
taxe d'habitation ou l'organisation des collectivités locales, si
elles ne sont pas négligeables, ne pèsent d'aucun poids en ce qui
concerne la problématique de la revitalisation des territoires à
laquelle vous attachez à juste titre une grande importance. Seule une
approche entrepreneuriale changera les choses.

Certains chiffres nous montrent la voie. Quand on parle des difficultés
de nos territoires, du déficit du commerce extérieur, de notre
endettement, comment échapper à ces constats terribles et sévères
pour ceux qui depuis 30 ans nous ont gouverné. En 2017 nous ne
produisons pas plus de produits manufacturés qu'en 1996, or notre
consommation a augmenté de 60% ; notre production industrielle
représentait 24% de notre PIB en 1980, elle est aujourd'hui de 14%.
Dans le même temps, l'industrie a ainsi perdu 2 millions d'emplois,
faisant passer la part du secteur industriel dans l'emploi total de
27% à 11%.  C'est un vrai désastre que nous devons en une ou deux
décennies résorber.

Pourtant l'industrie est une chance pour notre économie : selon nos
experts, le secteur industriel offre des rémunérations moyenne à ses
salariés qui sont 21% supérieurs à celles offertes dans les services.
De même, un emploi industriel créé en moyenne 98.000€ de valeur
ajoutée par an, soit 27% de plus qu'un emploi de service. Pourtant,
l'industrie ne fait pas partie des priorités dans notre pays : elle
ne capte que 10% du total des subventions d'exploitation, contre 70%
pour les services.

Inverser la désindustrialisation sera sans doute long mais il faut que
notre gouvernement engage le pays sur cette voie en présentant aux
français les défis qui nous attendent pour maintenir nos positions en
Europe et résister à la mondialisation. Le premier est de combler
progressivement le différentiel de charges pesant sur les entreprises
françaises qui, comparé à celles pesant sur leurs concurrentes
allemandes, estimé entre 130 et 140 milliards d'euros. Ce premier
chantier est à entreprendre rapidement si l'on veut à armes égales
poursuivre sans risque d'appauvrissement notre parcours dans une
Europe commune.

Une première initiative marquerait la détermination de votre
gouvernement à nous entrainer dans cette spirale gagnante : supprimer
immédiatement les 9,5 milliards de charges pesant sur la production.
Véritable taxation, inacceptable, du « made in France » ; ce serait
un signal fort pour toutes les industries, y compris celles qui
cherchent de nouvelles implantations en Europe, et un levier efficace
pour retrouver la croissance et avec elle la confiance.

Cette décision aurait des enchaînements vertueux comme l'obligation
de trouver des économies rapides par la réduction de la dépense
publique. Le premier ministre comme nos compatriotes doivent avoir à
l'esprit que les pneus qui brulent devant les usines sont très
souvent la conséquence d'une dépense publique démesurée, trop
gourmande en impôts et charges diverses qui nous placent en marge des
conditions exigées par la concurrence mondiale dont, par ailleurs, nous
ne voulons pas être absents.

Les industries ont la faculté de fixer les populations. Elles sont
aussi grâce à leur productivité les premiers leviers de croissance.

Le grand rééquilibrage entre sphère publique et sphère privée ne
pourra être réussi sans que le premier ministre ne s'y plonge en
priorité. C'est à mon avis la grande mission de votre gouvernement.
Depuis longtemps c'est un des objectifs de la Fondation Concorde et de
ses experts qui connaissent bien les administrations. Dans cette
perspective nous avons préparé la stratégie et les méthodes,
véritable feuille de route chiffrée pour réussir. Par exemple : un
peu plus exigeant que le Président sur la réduction des effectifs,
nous préconisons le gel du recrutement dans la fonction publique
pendant 3 ans en dehors de la police, de la justice et de l'armée, et
la mise en place d'un fort mouvement de promotions internes et de
mobilité.

Votre vision et votre énergie, Monsieur le Premier ministre, nous
permettent d'espérer le redressement nécessaire de notre pays. Nos
travaux sont à votre disposition.

Avec mes sentiments cordiaux et mon profond respect

Michel Rousseau, président de  la Fondation Concorde

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Commentaires 2
à écrit le 13/07/2017 à 8:30
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Suite. Je précise que l'application de cette note n°6 est favorable à la protection du climat chère à Nicolas Hulot et aux écologistes. Il faut envisager une allocation universelle pour respecter l'équité de cette mesure, comme le souhaitent les soci...

à écrit le 13/07/2017 à 8:05
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Oui, il faut réduire les charges sur la production, c'est à dire sur les entreprises, et les reporter sur la consommation des ménages. Mais qui l'accepterait? Il faut appliquer la note n°6 du conseil d'analyse économique. C'est urgent de le comprendr...

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