Sur les sujets régaliens, Macron s’inspire de Chevènement

En prônant davantage de fermeté sur les sujets dits régaliens, immigration et sécurité en tête, Emmanuel Macron s'inscrit dans les pas de l'ancien ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin. Décryptage.
(Crédits : Dr)

Ceux qui pensaient qu'Emmanuel Macron n'était qu'un libéral pur sucre, ou un « social-libéral » ou même un « progressiste », façon Justin Trudeau ou Barack Obama, en sont pour leurs frais. Car depuis la rentrée, le chef de l'État ne cesse d'en appeler à la République et à la fermeté sur les sujets dits régaliens, immigration et sécurité en tête. Certains commentateurs annoncent son « virage » dans ces domaines, quand les communicants préfèrent louer le début de « l'acte II » du quinquennat. En apparence, le changement de ton est perceptible.

Lors de la campagne présidentielle, le candidat Macron n'avait-il pas promu la « bienveillance » en politique et salué la politique migratoire d'Angela Merkel ? Quelques mois plus tôt, n'avait-il pas jusqu'à laisser dire, par l'intermédiaire d'échos dans la presse, qu'il était réticent au projet de déchéance de nationalité du président d'alors, François Hollande ? C'était l'époque de sa guerre fratricide contre Manuel Valls, son plus sérieux concurrent dans le vieux PS.

Et face à un Premier ministre qui assumait alors un ton martial, et se référait constamment au « Tigre », Georges Clemenceau, Emmanuel Macron optait pour l'originalité, en appelant de ses voeux une « société ouverte » : « Nous sommes une société - et je le dis ici puisque nous sommes les premiers coupables collectivement -, nous sommes une société de plus en plus endogame, nous sommes une société où les élites se ressemblent de plus en plus, nous sommes une société où nous avons construit la capacité à fermer la porte », déclarait-il à peine une semaine après les terribles attentats du 13 novembre 2015, lors de l'université des Gracques, ce groupe qui militait alors pour un rapprochement entre centre gauche et centre droit. Délaissant le terrain sécuritaire, le ministre Macron préférait parler économie.

Chevènement puis Rocard

Désormais confronté au terrorisme en tant que président, il finit pourtant, lui aussi, par emprunter des accents guerriers dans ses discours, prônant une « société de vigilance » face à « l'hydre islamiste ». C'est lui aussi qui décide, contre l'avis de sa majorité, de placer l'immigration au centre du débat politique, au nom des « classes populaires » : « La question est de savoir si nous voulons être un parti bourgeois ou pas. Les bourgeois n'ont pas de problèmes avec ça : ils ne la croisent pas. Les classes populaires vivent avec », a estimé en septembre le président devant des parlementaires. Surprenant ? C'est bien mal connaître le parcours d'Emmanuel Macron.

Jeune étudiant, il se tourne en effet vers Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin. À peine sorti des classes préparatoires d'Henri-IV, le jeune Macron assiste, fin août 1998, à Perpignan, à l'université d'été du Mouvement des citoyens (MDC), le parti du « Che ». Ce compagnonnage politique va durer environ deux ans. Au printemps 2000, il devient stagiaire, durant six mois, au cabinet de Georges Sarre, alors maire MDC du XIe arrondissement de Paris. Deux ans plus tard, Emmanuel Macron vote Jean-Pierre Chevènement au premier tour de la présidentielle. Étudiant à l'ENA, il pense que l'échec de Jospin s'explique notamment par l'incapacité de la gauche à tenir un discours de fermeté sur les questions de sécurité.

Ce n'est que dans un deuxième temps qu'il se rapprochera de Michel Rocard, et de son fidèle ami, l'industriel Henry Hermand. Alors, comment Macron justifie-t-il ce grand écart ? « Autant la deuxième gauche m'a inspiré sur le social, autant je considère que son rapport à l'État reste très complexé, nous avait-il expliqué en 2015. Je me suis toujours interrogé sur le rôle de l'État, et c'est pour cette raison que je me tourne plus jeune vers Jean-Pierre Chevènement. J'entretiens d'ailleurs toujours une discussion avec lui... On ne peut pas s'affranchir d'une réflexion sur l'État à l'heure de la globalisation. » Et manifestement, pour Macron, globalisation ne signifie pas fin des nations.

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Commentaires 4
à écrit le 29/10/2019 à 15:11
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Il est gonflé. Macron déleste la France de sa souveraineté au bénéfice de l'ue allemande, sacrifie l'industrie française au nom du mondialisme de ses amis de la finance européenne .Cet article à sa gloire est immérité .

à écrit le 29/10/2019 à 12:07
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M. Chevènement le faisait avec naturel et conviction. Micron le fait avec emphase et par électoralisme. Zéro pointé !...

à écrit le 29/10/2019 à 11:05
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Il construit son décor en carton pâte en copiant sur les résultats de ses prédécesseurs!

à écrit le 29/10/2019 à 8:44
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Son discours est illisible, il enfile les mots les uns à la suite des autres, ne fait pas ce qu'il dit et fait ce qu'il ne dit pas, plus personne ne comprend rien de ce qu'il raconte si ce n'est que l'on va encore se faire arnaquer. ON ne va jama...

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