Le système bancaire français a l'honneur d'être considéré, par les agences de notation, comme l'un des plus solides au monde et le plus solide en Europe. Cette distinction s'explique par sa structure et son organisation.
Par sa taille, il est le deuxième en Europe, derrière le système allemand, et est tout aussi « national » que ce dernier (90% des établissements en France sont de nationalité française). Il est plus concentré (les 5 grands établissements possèdent 47% des actifs), mais cela est compensé par le fait que le pays est moins bancarisé, que les dépôts représentent près de 150% des prêts (100% en Allemagne), que la rentabilité est bien meilleure et que le secteur privé représente l'essentiel du marché bancaire, aux côtés du secteur mutualiste.
Solidité des grands établissements français
Car, en réalité, la solidité du système français est celle de ses grands établissements : BNPP, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE, Crédit Mutuel et HSBC France (ex CCF). Ces grandes banques ont un portefeuille d'activité particulièrement diversifié, international, regroupant des activités de banque de détail peu cycliques, un portefeuille de banque d'investissement plus cyclique, de la gestion de portefeuille, et, souvent, une activité d'assurance. La force du modèle bancaire française repose ainsi sur l'universalité des activités et la diversification associée.
Il n'est donc pas surprenant que la crise ait moins touché la France que d'autres pays européens : selon les derniers chiffres d'Eurostat, la France a tiré des plans d'aide un bénéfice cumulé d'environ 3 milliards d'euros et les garanties octroyées (75 milliards d'euros) l'ont été, pour l'essentiel, à des établissements solides et en contrepartie d'un collatéral abondant.
Quelques chiffres illustrent cette situation : fin 2010, les grandes banques françaises avaient un ratio de Tier 1 moyen qui s'établissait à 10,7%, largement au-delà du minimum règlementaire, et une rentabilité des fonds propres de 7,1%. Elles ne recouraient (avant l'arbitrage LTRO) à la BCE qu'à hauteur de 6 milliards d'euros.
Une activité de prêt essentiellement domestique
Le succès du système français s'explique aussi par le caractère domestique de son activité de prêt : seuls 10% des prêts sont octroyés à des non-résidents. Les banques connaissent donc très bien leurs clients et le portefeuille est de bonne qualité, avec des ratios de NPL très faibles et un taux de couverture élevé (132% fin 2010). Les banques françaises bénéficient aussi de la rigidité du marché du travail français : cela leur permet de prêter aux particuliers sur la base de leurs salaires, revenus très stables, plutôt que sur la base de la valeur des biens immobiliers, forcément plus volatile.
Une forte exposition aux marchés de capitaux
La principale fragilité du secteur provient de l'exposition des banques aux marchés de capitaux, par le biais des activités de BFI, dont elles tirent une part substantielle de leurs profits. La crise de l'été 2011 a montré que les banques pouvaient souffrir en cas de crise de confiance généralisée, car leurs activités de BFI ne peuvent être uniquement financées par les dépôts ou le repo de titres sûrs, mais nécessite également le financement auprès d'investisseurs institutionnels.
Les banques françaises ont bien progressé dans leurs stratégies de deleveraging, elles ont passé les stress tests EBA avec succès et paraissent aujourd'hui parmi les mieux armées pour assurer la transition vers Bâle III. Seul le traitement des conglomérats de bancassurance reste, pour certaines d'entre elles, un sujet épineux de discussion avec les régulateurs.
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