Le G20 nous laisse trop jouer avec des allumettes

900.000 milliards de dollars en 2020 (à prix et taux de change constants), tandis que le PIB de la planète représenterait 90000 milliards de dollars, soit dix fois moins. Une bulle financière très inflammable...
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Devant l'inévitable, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a proposé de ralentir pays par pays le calendrier du désendettement européen. Tandis qu'Anton Silouanov, le ministre russe des Finances, a préconisé d'adopter à l'échelle internationale des objectifs « réalistes et atteignables sans avoir à se dire dans trois ans qu'il faut les réviser ». Ordonnateur du G20, Vladimir Poutine a donné comme objectif de « sortir l'économie mondiale de la stagnation ». Oui, mais comment?

Les leviers de la relance se dérobant, une issue monétaire hasardeuse est recherchée. Les Américains et les Japonais sont accusés de dévaluations compétitives. Mais Angel Gurría, le secrétaire général de l'OCDE, a légitimé les interventions de leurs banques centrales au nom du soutien à la croissance. À Moscou, la « guerre des monnaies » a été minimisée quand elle n'a pas été niée. Seul, Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, s'est alarmé et a, par avance, prévenu que « nous ne serons pas capables d'éviter une autre crise "à la 2008" si une proportion croissante d'argent est injectée dans l'économie ».Mais le mal n'est-il pas en train d'être fait? Selon le consultant Bain & Co, le volume mondial global des actifs financiers atteindra 900.000 milliards de dollars en 2020 (à prix et taux de change constants), en progression de 50% par rapport à 2010, tandis que le PIB mondial représentera à la même échéance 90.000 milliards de dollars; le rapport entre ce dernier et le volume des actifs financiers sera alors de un à dix. Ce n'est pas l'embellie actuelle du marché des actions qui contredira cette prévision lourde de conséquences, alors que la régulation financière marque le pas.

Tournant autour du pot, le débat sur la « guerre des monnaies » a enchaîné avec celui engagé à propos des cibles d'inflation des banques centrales et de l'évolution de leur mandat. De grosses rectifications ont été opérées aux États-Unis et au Japon, et pourraient prochainement suivre au Royaume-Uni. Tandis que le débat à venir se précise, avec pour sujet l'indépendance des banques centrales, s'appuyant sur son caractère relatif totalement occulté, exemples à l'appui. « Leur indépendance leur permet d'aller au-delà de leur mandat », arme de toute façon Olivier Garnier, chef économiste de la Société générale. Il est même exhumé que l'actuel président de la FED, Ben Bernanke, avait déclaré en 2003, sans craindre le sacrilège, qu'en période de déflation, « une plus étroite collaboration pour un temps avec les autorités fiscales n'est en aucune mesure incompatible avec l'indépendance des banques centrales ».

L'heure est aux transgressions sous la protection des banques centrales, sauveurs de dernier ressort : désormais éloignées de la lutte contre l'inflation, elles se concentrent sur la monétisation de la dette. Même la BCE a franchi à sa manière le Rubicon : ses deux programmes phares, le Long Term Refinancing Operation (LTRO) pour les banques et l'Outright Monetary Transactions (OMT) pour les États, ne sont-ils pas de la « quasi-création monétaire »? À petite échelle, comment qualifier autrement la restructuration de la dette publique irlandaise et la conversion en obligations à longue maturité des fonds prêtés dans le cadre de l'eurosystème au titre de l'Emergency Liquidity Assistance (ELA)?
Les frontières entre la politique monétaire et fiscale s'estompent, mais cela ne répond toujours pas à la question : comment faire redémarrer la croissance pour que tout redevienne comme avant, et que le désendettement puisse se poursuivre? Ce n'est sans doute pas la bonne boîte qui a été ouverte au G20...

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Commentaires 10
à écrit le 26/02/2013 à 9:52
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22H20 reportage sur les plans de sauvetage des banques de l'UE. Vous verrez c'est instructif.

à écrit le 26/02/2013 à 9:44
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C'est la raison pour laquelle la SEULE porte de sortie est le retour à l'ETALON/OR qui se fera envers et contre tous avec les automatismes de marché : DE GAULLE conseillé par RUEFF avait raison le 4 Février 1965 ... A force de s'asseoir dessus, les m...

le 26/02/2013 à 11:04
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@tournier : Voici le commentaire le plus intelligent, et visiblement documenté (plus personne ne connait Jacques Rueff) que j'ai lu sur ce site depuis longtemps. Comme le dit un auteur pro-étalon or (Lewis), la solution est simple : "LOW TAXES-STABLE...

à écrit le 26/02/2013 à 9:09
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Oh, de la novlangue : "De grosses rectifications ont été opérées". Oui, en clair, c'est la planche à billets à fond les manettes.

à écrit le 26/02/2013 à 8:39
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Merci messieurs les Banksters !

à écrit le 26/02/2013 à 1:33
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ça c'est pas mal! Eh les gars, y a 600 000 milliards dans la sphère financière! Y a qu'à faire un retrait! Et ça tourne...

à écrit le 25/02/2013 à 21:16
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Effectivement ce n'est pas par le dopage monétaire permanent de l'économie que l'on obtiendra une croissance solide (mais plutôt des bulles fin. successives); mais quelle autre solution ? surtout en UE, et Am. du Nord (et Japon) où , me semble-t-il, ...

le 26/02/2013 à 13:09
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c'est sur il faudrait l'action coordonnée de beaucoup de mesures pour changer vraiment les choses, Obama ni aucun dirigeant actuel n'en a l'envergure à défaut d'en avoir les moyens.La première chose serait de supprimer 80 à 90% de l'activité financiè...

à écrit le 25/02/2013 à 21:02
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Dilemme : les "dirigeants" européens aiment l'argent mais viennent de se rendre compte de sa dangerosité... Il était temps, petit navire du continent (zone Euro) le plus riche de la planète. Et tout le reste du monde est en train de nous acheter. Au ...

à écrit le 25/02/2013 à 19:43
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Tous les programmes actuels des banques centrales consistentà créer de la monnaie (ce qu'on appelle de la liquidité c'est plus chic moins condamnable) sans le dire, ou plutôt mieux créer de la monnaie en stérilisant les taux d'intérêts de façon total...

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