Victime de l'étatisme, l'économie ukrainienne était mal en point avant la crise

Une comparaison entre l'Ukraine et la Pologne montre à quel point une vraie libéralisation de l'économie est profitable à la croissance. par Daniel J. Mitchell, Cato Institute

J'ai récemment comparé Singapour et la Jamaïque pour démontrer que la croissance devrait prendre le dessus sur l'inégalité. En résumé, une économie grandissante sert nettement mieux les pauvres - leur pointe de tarte grandit même si elle a la même proportion - que des programmes de redistribution qui emprisonnent les gens dans un cercle de dépendance et tuent les incitations. Ou, si vous préférez, les pays avec un petit gouvernement moins interventionniste obtiennent de meilleurs résultats que ceux avec un gouvernement gros et interventionniste.

Cette relation s'observe en comparant la Jamaïque et Singapour, mais aussi les autres nations. Je l'ai en mémoire car j'ai récemment participé au Kyiv Stop on the Free Market Road Show. J'ai montré à l'auditoire les réformes que devrait passer l'Ukraine pour fortifier sa performance économique. Toutefois, j'aurais simplement pu lire le récent avis d'un expert, Alliston Heath au sujet de l'Ukraine et de la Pologne.

 Quand la Pologne embrasse le capitalisme...

Au faîte de l'oppression communiste, l'Ukraine et la Pologne étaient également pauvres. La première faisait partie de l'Union soviétique alors que la seconde était un pays satellite de l'URSS, liée par le Pacte de Varsovie. En 1990, les deux pays avaient un PIB par habitant et une économie sinistrement semblable. Un quart de siècle plus tard, tout a changé. La Pologne s'est tournée ver le libre-marché, a réduit la taille de son administration, a jalousement respecté la primauté du droit et les droits de propriété, a privatisé intelligemment, a pu éviter la kleptocratie et la corruption, contrairement aux régimes en place à Kiev, et a embrassé le capitalisme à l'occidentale le plus largement possible.

 Un PIB par habitant deux fois plus important en Pologne

Heath cite des chiffres de la Banque mondiale montrant que le PIB de la Pologne est 3,3 fois plus important que celui de l'Ukraine. Personnellement, je préfère les données d'Angus Maddison. Bien qu'elles ne montrent pas une différence aussi grande, elles montrent néanmoins un changement extraordinaire dans le niveau de vie des deux pays.

Ces chiffres sont ahurissants. Même avec les données Angus Maddison, l'on peut voir que la Pologne dépasse rapidement l'Ukraine  après l'effondrement du communisme et profite maintenant d'un PIB par habitant deux fois plus important - et probablement trois fois plus grand si les données de 2014 étaient disponibles.

N'allez toutefois par croire que la Pologne est un paradis du libre-marché. Comme Heath le rappelle, le pays n'est ni Hong Kong, ni Singapour. En effet, le système fiscal polonais est encore trop étouffant, la paperasse et la bureaucratie rappellent encore les mauvais jours du communisme, le marché du travail est réglementé à l'excès et une partie de la population rejette des éléments du nouvel ordre économique, laissant ainsi le pays relativement pauvre. Cela explique pourquoi les gens les plus ambitieux se sont exilés au Royaume-Uni et ailleurs.

Absence de liberté économique en Ukraine

Malgré tout, la Pologne demeure une belle réussite de l'ère post-communiste. L'Ukraine, malheureusement, a été un des pires échecs. Pour preuve, l'Indice de liberté économique de l'Institut Fraser classe la Pologne au 59e rang; son pointage est passé de 3,9 en 1990 à 7,2. Ce n'est pas le Pérou, mais c'est nettement mieux que l'Ukraine, qui se classe au 126e rang (derrière la Russie!) sur 152, et son pointage n'a augmenté qu'à 6,16.

Tel que je l'ai déjà mentionné, le principal problème de l'Ukraine est son économie de type "Poutine",encore marquée par le système soviétique et la corruption, pas Poutine comme tel. Si le pays veut rattraper l'Occident, il lui faut plus de libre-marché et moins de gouvernement. D'ailleurs, en regardent les cinq principaux facteurs de l'Indice de liberté économique, l'Ukraine performe très bien grâce à ses politiques fiscales - elle a un taux unique d'imposition -, mais ses politiques monétaires sont misérables et sa performance avec les autres indicateurs n'est guère mieux.

Daniel J. Mitchell est spécialiste des réformes fiscales et de l'économie de l'offre. Il défend la flat taxe (taux d'imposition unique) et la compétition fiscale internationale. Avant de joindre l'Institut Cato, Mitchell était attaché supérieur de recherche à la Heritage Foundation et un économiste pour le sénateur Bob Packwood et le comité sénatorial sur les finances (Senate Finance Committee).

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Commentaires 6
à écrit le 11/05/2014 à 15:04
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Nous n avons jamais eu autant besoin de régulation qu'en cette période de changement climatique, de raréfaction des ressources et d'hypertrophie de la sphère financière. Ce monsieur continue de nous faire croire que le libéralisme va permettre de rel...

à écrit le 11/05/2014 à 14:59
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Nous n avons jamais eu autant besoin de régulation qu'en cette période de changement climatique, de raréfaction des ressources et d'atrophie de la sphère financière. Ce monsieur continue de nous faire croire que le libéralisme va permettre de relever...

à écrit le 10/05/2014 à 18:18
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Baser un raisonnement en comparant la Jamaïque et Singapour est franchement ridicule. L’économie d'un paradis fiscal comme Singapour, est un parasite pour nos états développés, et ne tiens que par des lois de liberté de capitaux suicidaire pour nos é...

à écrit le 10/05/2014 à 9:17
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L'Occident n'est plus une reference en terme de croissance economique. Il faut se tourner vers l'Orient avec des pays comme la Chine, La Coree du Sud, et aussi l'Inde. Le 21 eme siecle sera dominee par l'Asie. L'Occident viendra en 2 eme position.

le 12/05/2014 à 2:32
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Vous présentez la Chine comme le modèle économique à suivre ? Une dictature à parti unique avec des dirigeants communistes milliardaires pendant que 500 millions de Chinois gagnent un salaire misérable de 2 à 3 euros par jour... !

à écrit le 09/05/2014 à 16:28
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L'analyse est pertinente mais il faudrait aussi que Poutine laisse l'Ukraine souveraine et là çà ne correspond pas du tout à ses actes dans les pays de la CEI où il intervient de multiples façons. Tant qu'il y a Poutine il y aura des problèmes.

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